Pour les adeptes d'envolées de la part d'un avocat pas comme les autres...

Michael Connelly est un auteur américain âgé de cinquante-huit ans. Initialement journaliste au « Los Angeles Times », il se lance dans l’écriture de roman avec la parution de « The Black Echo » il y a plus de vingt ans. Cet ouvrage était la première aventure d’un héros amené à devenir charismatique nommé Harry Bosch. Je suis tout de suite tombé sous le charme. Depuis, je dévore chacune des nouvelles productions de cet écrivain. Néanmoins, au fur et à mesure des années, ce dernier a fait naître d’autres personnages récurent. Le dernier en date est Mickey Haller. Le bouquin que j’évoque aujourd’hui se construit autour de ce protagoniste. Il s’intitule « The Fifth Witness ». Je me le suis procuré chez « Le Livre de Poche » sous le titre « Le cinquième témoin » pour un prix de 8,60 euros.

La quatrième de couverture présente l’histoire avec les mots suivants : « Abandonnée par son mari, Lisa Trammel ne peut plus payer ses mensualités d’emprunt immobilier, et la Westland National Bank menace de saisir sa maison. Lis a est si révoltée par l’épidémie de saisies liée à la crise des subprimes qu’elle manifeste souvent et violemment devant la banque. Son avocat, Mickey Haller, espère gagner du temps en faisant traîner la procédure. Mais le dossier se corse quand Mitchell Bondurant, un cadre dirigeant de la Westland est retrouvé mort dans le parking de son agence. Lisa est accusée du meurtre. Au fur et à mesure qu’il monte un système de défense bien hasardeux, Haller découvre un certain nombre d’éléments qui l’amènent à douter de sa cliente et de lui-même, et ce, jusqu’au verdict. »

Comme je l’ai précisé précédemment, le héros est un familier des adeptes de Connelly. Mickey Haller n’en ai pas à sa première affaire. Il a même déjà connu une adaptation cinématographique sous les traits de Matthew McConaughey dans « La défense Lincoln ». Le personnage est bien construit. Il s’agit d’un as du barreau aux méthodes peu orthodoxes. Il bosse dans sa voiture, une Lincoln. Son enquêteur est un biker que personne ne voudrait croiser la nuit. Bref, il possède tous les atouts pour apparaître comment le gentil héros cool qui combat le grand méchant qu’est le procureur général. Cela pourrait apparaître comme un cliché. Ce n’est pas le cas tant le talent de l’auteur échappe à toutes les caricatures.

Ce roman répond donc aux codes du thriller juridique dont le plus célèbre référant est l’écrivain John Grisham. C’est un genre que j’aime bien car il fait cohabiter suspense, émotion et spectacle. Néanmoins, ce type d’intrigue nécessite un gros travail sur le scénario. Chaque détail compte, chaque acte est analysé. Il faut savoir doser la fréquence et l’intensité des révélations et des retournements de situation. Mais quand la recette est bien exploitée, cela donne un repas qu’on dévore en très peu de temps. « Le cinquième témoin » est un bon cru et je l’ai savouré avec appétit. De manière prévisible, le rythme de la narration suit les soubresauts du procès pour meurtre subi par Lisa Trammel. La lecture suit le rythme des plaidoiries et voit donc l’intensité augmenter au fur et à mesure que le dénouement approchait.

La première chose à réussir est son accusé. Il s’agit ici de Lisa. Contrairement à beaucoup d’habitudes, elle ne dégage pas de sympathie particulière. Au contraire, elle s’avère irritante par ses prises d’initiative, ses remarques ou ses comportements. L’empathie à son égard se construit uniquement sur sa présomption d’innocence. Mais tout cela est fragile tant chacune de ses interventions ne prêche pas en sa faveur. Ce n’est pas une critique bien au contraire. Il est agréable de découvrir une accusée qui ne fait pas pleurer dans les chaumières.

Cela permet de donner toute notre affection à Haller et son équipe. Du fait de l’antipathie générée par sa cliente, notre sympathie est pleinement consacrée à son avocat. Cela tombe bien, le personnage possède un profil parfait pour accueillir notre soutien et notre admiration. Il est également agréable de suivre un procès dont le but de l’avocat est uniquement d’obtenir un « non coupable ». Il n’est pas en mission dans le sens où il apprécie l’accusée ou son combat. Il ne se pose même pas la question de son innocence ou pas. Bref, il est investi professionnellement, pas émotionnellement. Cet aspect est bien développé à travers le regard de sa jeune collègue sur l’affaire.

Concernant l’intrigue en elle-même, je me contenterai de vous dire qu’elle est bien construite. La mise en place des enjeux est rapide et efficace. Le suspense ne disparait jamais de la lecture. Le puzzle possède de nombreuses pièces qui apparaissent et s’assemblent au fur et à mesure que les pages défilent, alimentant ainsi en permanence notre curiosité. Je ne développerai pas davantage parce que ce type d’histoire trouve une grande partie de son intérêt dans les surprises qui agrémentent son déroulé. Alors pourquoi vous gâcher le plaisir ?

Pour conclure, Michael Connelly confirme avec cet ouvrage qu’il est un excellent auteur et confirme la qualité constante de ses romans. Chaque nouvelle plongée dans son univers est un plaisir et « Le cinquième témoin » est dans cette lignée. Il ne me reste plus qu’à me mettre un nouveau de ses bouquins dans les mains. Mais cela est une autre histoire…