La simplicité des bons sentiments
Pfiou fait la baudruche en se dégonflant. Et avec un léger sifflement ajouta : "la guerre, c'est mal". Ce livre n'est pas mauvais. Il est ce que la cinquième République française à son apogée culturelle produit de mieux. De bons sentiments écrits avec les bons mots et les bonnes images pour enrober une pilule douce-amer sur la langue des bons Français. La guerre de 14, quelle boucherie absurde. Nous n'avons pas les mêmes opinions sur la Nation et la société mais il faut se respecter... Tout ça en 150 pages pour que tout le monde puisse lire la Vérité et la digère sans mal de tête. Et après, on reproche aux journaux télévisés et aux séries françaises leur médiocrité? Mais la culture officielle (Rufin est quand même prix Goncourt) est tout aussi pourrie.
S'il n'y avait que des livres comme ça, la littérature mourrait dans l'indifférence générale et avec ma bénédiction. Le mieux, c'est cette sacro-sainte touche de réalité à la fin de l'histoire. Cette histoire a vraiment eu lieu en 1919, c'était le grand-père d'un ami de l'écrivain qui est mort pendant l'écriture du livre. Il n'a pas pu la lire. Snif. Mais en quoi ça nous concerne? En quoi cela ajoute du sens à cette histoire? Rufin veut se faire plaisir et honorer la mémoire d'un ami? Tant mieux, mais qu'il garde ça pour lui et les mémoriaux de 14-18!
Pour finir cette épitaphe, j'ajouterai que je comprends les besoins pécuniaires des écrivains et des éditeurs. Je comprends même les arguments : ce sont les gros best-sellers qui font vivre les petits qui n'ont pas de succès. Mais après, il ne faut pas s'étonner si les gens lisent de moins en moins. Ce livre est moins fertile pour l'esprit qu'un reportage de france 2 sur l'immigration (et c'est sans ironie cette fois-ci).
Bref, du temps perdu : pas de réflexion, pas de divertissement.