Ouvroir de Littérature Science-Fictionnelle (...et potentielle)
Avec Le Congrès de futurologie, l'auteur de Solaris s'offre un véritable terrain de jeu aussi délirant que comique…
Mais aussi ennuyeux... Il s'amuse avec ce monde à la fois utopique et dystopique, avec ce nouveau vocabulaire qui aurait bien fait marrer Perec et le reste de l’OuLiPo (chapeau à l'équipe de traduction!) pour mieux montrer la déchéance de l’être humain et sa prédisposition à l’autodestruction. Mais il oublie hélas de jouer avec le rythme. Ça démarre fort avec un passage d’intoxication dans une chambre d’hôtel, puis ça s’enchaîne à un rythme effréné jusqu’à ce que la frontière entre réalité et hallucination devienne floue…
Ensuite, Lem s’embourbe dans l’élaboration de son petit univers futuriste en s’appuyant sur un charabia créé pour l’occasion et il se fait plaisir, il étale bien sa sauce, accumule les couches encore et encore. Et inévitablement l’ennui suinte des pages, et on a envie de crier: "Okay, we get it already!" Il élabore sur près de 70 pages ce qui aurait pu être établi en 35, si ce n’est moins. Aussi, nous étions en droit d'attendre de l'adaptation d'Ari Folman quelque chose de plus concis, de plus "straightforward". C'était peine perdue, lui qui a opté pour une autre dynamique, laborieuse, voguant entre le vulgaire et le kitsch. Le potentiel était pourtant énorme. La frustration l'est tout autant.
Bref, Lem en fait des tonnes pour pas grand-chose! Folman a essayé d'en fait plus, pour grand-chose! On restera sur notre faim avec les deux. Quant au roman, l’intérêt revient dans son dernier quart, ça s’accélère un peu pour retomber sur ses pieds, lors d’une conclusion fade, mais disons logique, en lien avec le propos de cette fable d’anticipation qui aurait directement ou indirectement donné matière à ce truc qu'on appelle Matrix.
Mais la scène du scan de Robin Wright dans le film de Folman est magnifique, sinon. (oui, je ne voulais pas terminer sur Matrix).