Une superbe histoire qui nous fait réfléchir sur cette société de l'argent qui domine les actions de bien des êtres.
Il faut dire que je ne m'attendais pas à une histoire si sombre et vénéneuse que reflète les derniers instants de vie de Monsieur Sylvain Pons, un bon innocent qui, par sa bonté extraordinaire, se voit être l'objet de toutes les méchancetés et des convoitises les plus sournoises. Je rejoins Hitar et Noemiemt1 sur les dialogues articulées par l'allemand Wilhelm Schmucke, pénibles à lire. Passé de la sublime plume française de Balzac à des phrases où l'accent de l'étranger est juste, certes, réaliste mais fatiguant a déchiffré. Cela finit par corrompre les belles phrases et le style narratif du grand écrivain français.
Dans ses pages, des rapaces donc qui ne s'intéressent qu'à l'héritage des objets de valeurs collectionnés par l'infortuné musicien qui forme, avec son ami pianiste sans doute, l'un des personnages les plus naïfs de toute la comédie humaine. Nous entrevoyons déjà dans ce Paris du dix-neuvième siècle, tout comme dans César Birotteau (1837), la montée fulgurante du capitalisme dont on constate aujourd'hui l'inquiétante omnipotence. Beaucoup de personnages dans ce récit, plus de mauvais que de gentils malheureusement... L'entre deux est représenté cependant en la personne du gagiste Topinard que l'on voit tiraillé à la fin du roman, contrairement aux fâcheux cupides, entièrement satisfaits de leurs ambitions complétées, de leurs portefeuilles alourdis.
Qu'il est bon de lire de ses sujets qui traitent de ce qui pullule aujourd'hui dans chacune des castes : la corruption humaine. Qui altère les âmes et fabrique des dieux.
Qui tient à sa conscience, à ses valeurs justes, se doit de repérer les comportements de canailles. Les deux protagonistes que sont Pons et Schmucke n'ont pas réussi à déjouer les machineries qui les ont tellement broyés qu'ils ont fini par causer leur tragique finitude. Un conte à devenir misanthrope sûrement mais dans le style du réalisme il faut savoir évoquer tout ce qui, dans la vraie vie, prend place. Honoré de Balzac ne manqua pas à ce devoir-là.
Toujours fabuleux par ailleurs, de voir que d'autres personnages du romancier apparaissent ou sont mentionnés dans chacun des écrits du littérateur. Ce qui pousse à l'admiration quant à la création et à l'organisation de la structure sociale littéraire de ce tourangeau de génie.
Un bouquin triste mais brillant. À lire au moins une fois dans sa vie. Le genre d'œuvre qui participe à la reluisance de la culture française, pays d'artistes.