Note de lecture brève.
Lecture achevée du Démon de la colline aux loups, un roman contempo' publié chez le Tripode en 2021.
On y suit, sous la forme de la confession malhabile d'un homme manifestement retardé mentalement, l'évolution d'un gamin que la maltraitance et les viols vont rendre lui-même assassin alors qu'il tente de reconstruire par les mots, dans sa dernière prison et sous l'influence mal digérée d'Augustin, un simili-sens à sa vie brusquée.
Quelque part entre Claudel (le mauvais, Philippe, pour cette dilution du cadre et cette ambiguïté morale grise dans un style plat) et un néo-Etranger (pour un tueur en incompréhension au ban de la société), une tragédie qui fait mine d'utiliser au début cette espèce d'aréférentialité presque fantastique du nouveau conte pour retomber plus brutalement dans une tragédie du quotidien assez étouffante et oppressante parce que très réaliste.
Les intertextualités intéressantes du livre ne sont toutefois pas poussées jusqu'au bout, le concept est un peu déjà vu et le ton manque de dosage par moments, le tout versant ainsi à plusieurs reprises dans un misérabilisme qui dénature un peu la violence qui pourrait être inquiétante de ses sujets, de ses thèmes.
Très calibré roman contemporain, intéressant mais pas tip top.
N'a pas l'air de toujours bien savoir s'il veut relever du projet existentiel ou du quasi-true crime avec tout ce que le genre implique de mauvais. Certains livres sont riches de leurs ambiguïtés, à mon avis celui-ci s'en appauvrit quelque peu.