Gérard Philipe disparaissait le 25 Novembre 1959 à l'âge de 36 ans d'une maladie foudroyante, dont il ressentit les premiers symptômes, des maux de ventre, quelques mois plus tôt, lors de vacances à Ramatuelle. Au départ, il pensait à du stress, ou une infection survenue lors du tournage de La fièvre monte à El Pao, réalisé par Luis Bunuel, et laisse couler, pensant que ça ira mieux avec du repos. Sauf que quelques semaines plus tard, la douleur se fit plus forte et le contraignit à se faire hospitaliser, où le diagnostic tomba comme un couperet pour son épouse, Anne, qui fera le choix de taire la gravité du mal à son mari, qui n'aura plus que quelques jours à vivre...
Chapitré par mois, puis de manière quotidienne le dernier mois de la vie de Gérard Philipe, Jérôme Garcin propose un récit poignant d'un homme de seulement 36 ans, qui avait une carrière déjà pléthorique au cinéma, au théatre, faisant des lectures pour des disques, dont des contes pour enfants... Tout était là pour suivre un parcours sans faute, où les projets étaient nombreux, comme le fait de jouer Hamlet au théatre, ou de jouer Le comte de Monte-Cristo au cinéma.
Mais le destin en décida autrement, et la description de l'acteur perdant ses forces, comme un roi sans retour, a quelque chose de bouleversant, d'inéluctable, jusqu'à sa fin, qui a sans doute dû arriver durant son sommeil.
Je garde un souvenir fort de Gérard Philipe non seulement pour ses rôles (dans Montparnasse 19, Le diable au corps ou bien entendu Fanfan la tulipe), mais aussi parce que j'ai étudié dans un lycée qui portait son nom, sans savoir alors la portée qu'il avait eue sur son temps. En quelque sorte, il aura eu la carrière fulgurante d'un James Dean, fauché dans la force de l'âge, sans nous laisser espérer ce qu'il serait devenu dans la quarantaine, la cinquantaine... Il restera à jamais ce jeune homme grave de 36 ans.
Jérôme Garcin laisse un très beau texte sur les derniers moments de ce monument du cinéma et du théatre français, et, sur une touche plus personnelle, c'est également une forme d'hommage à son épouse, une certaine Anne-Marie Philipe, qui n'est autre que la fille de. Qui n'aura pas vraiment connu son père, alors âgée de quatre ans.
Être ou ne pas être, telle fut la vie de Gérard Philipe...