Le dernier jour d'un condamné est un roman qui aurait peut-être mérité de faire 200 pages au lieu de 100. L'intention de l'auteur est bien comprise (plaider contre la peine de mort), mais elle ne s'avère pas aussi efficace auprès du lecteur que ce que l'on pourrait penser en s'engageant dans la lecture du roman. Et ce pour une raison très simple : c'est qu'au lieu d'être plongé dans le récit comme si nous en prenions part, on lit plutôt une histoire, un témoignage ou une archive, qui ne nous touche donc pas directement au coeur. Et ce, malgré l'écriture à la première personne du singulier.
On suit davantage les états d'âme du condamné plus qu'on ne les vit, plus qu'on ne les ressent. On lit cette histoire en spectateur, comme un médecin examinerait son patient : avec beaucoup d'intérêt, mais avec un certain retrait. Hugo avait pourtant toutes les qualités littéraires pour que nous puissions pleinement nous sentir à la place du condamné, nous faire imaginer que c'est nous qui écrivons ce journal des "dernières 24h" en même temps qu'on le lit. C'est d'ailleurs, au passage, précisément cela qui fait des Misérables un chef d'oeuvre : c'est que nous nous reconnaissons pleinement dans un ou plusieurs personnages, et que nous intégrons entièrement le récit.
Le réquisitoire contre la peine de mort n'apparaît donc pas si violent qu'il aurait pu l'être. Et pour un vrai plaidoyer remarquable contre la peine de mort, c'est surtout la préface de 1832 écrite par Victor Hugo lui-même à son roman (donc 3 ans après la première publication), qui est intéressante.
Restons positif quand même : cela reste un récit plaisant à lire, bien écrit, facile d'accès, et qui nous tient en haleine, particulièrement dans la deuxième partie, lorsque le condamné quitte la prison, et que brusquement, l'échéance de la mort se rapprochant, tout s'accélère.