Traduit en justice
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Avec Crime et Châtiment, Dostoïevski nous emmène bien plus loin que dans la simple intrigue judiciaire qui saute au premier regard : celle d’un jeune étudiant en droit qui commet un jour un crime, sans que l'on sache bien pourquoi (et lui non plus). Il nous emmène bien plus loin que dans l'univers de la détresse psychologique qui commence : le criminel qui n'avait a priori aucune raison de le devenir, ne cesse de s’interroger sur le sens et la raison de son acte qu'il cache à tout le monde, se torture l'esprit et se coupe progressivement du monde qui l'entoure pour presque rentrer en délire.
En fait, à travers toute cette intrigue, Dostoïevski nous plonge surtout au cœur de la misère humaine et sociale : l’alcoolisme, la pauvreté, la prostitution, l’insalubrité des lieux de vie. Le tout au cœur de la Capitale de l’Empire Russe d’alors : Saint-Pétersbourg (Capitale de l’Empire Russe de 1703 à 1917). Une misère peut-être encore plus rude, plus poignante, plus horrible et dérangeante que chez Hugo dans Les Misérables.
Crime et Châtiment nous emmène aussi bien plus loin dans le temps. A travers ses personnages, qui sont tous en quelque sorte un symbole, une allégorie de leur époque, Dostoïevski nous immerge dans la société russe des années 1860. C’est la société des « idées nouvelles » (selon les termes de Dostoïevski). C'est la société d'Alexandre II, qui se développe après des années de régime autocratique marqué par l’orthodoxie religieuse. C’est celle des « réformes administratives », et surtout, surtout, du développement des « sciences nouvelles » que sont entre autre la psychologie et la sociologie. Des sciences nouvelles pour expliquer la société, comprendre les phénomènes sociaux comme … le crime (précisément ce que le criminel et nous cherchons à comprendre !).
Ne cherchez donc pas uniquement dans Crime et Châtiment un roman judiciaire et "policier", avec beaucoup d’action. N’y cherchez pas seulement une simple course poursuite judiciaire entre un criminel, parfois en proie au délire, et ses juges. C'est certes le fil conducteur. Mais cherchez-y aussi un témoignage : celui d'une société en pleine évolution, dans une Capitale où la misère prospère en dépit du développement intellectuel. Et alors, le chef d'oeuvre saute aux yeux.
Créée
le 9 mai 2017
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