Cette pièce m’a laissé une impression assez mitigée. D’une part, elle est écrite dans une langue tout à fait a-littéraire, qui ne m’a procuré aucun bonheur de lecture. De plus, on comprend immédiatement dans quelle direction va aller la pièce. Cela m’a fait parfois penser à La Leçon d’Ionesco, l’absurde en moins, dans la façon dont peu à peu la politesse s’efface et laisse place aux plus bas instincts.
Cependant, j’ai parfois été étonné que Reza aille aussi loin, comme dans la scène du vomi. La composition de la pièce est également remarquable. On pourrait s’attendre à un affrontement entre deux couples, puis entre hommes et femmes, mais sans cesse, et presque insensiblement, se créent de nouvelles failles, de nouvelles alliances, de nouveaux affrontements.
Enfin, cette pièce interroge la position du spectateur : jouit-il de cette destruction ? Notamment quand la tiers-mondiste bien-pensante se fait rabrouer, ne nous amusons-nous pas de cette dénonciation des oripeaux de l’humanisme, pour nous complaire dans notre cynisme ? Ce dieu du carnage, ne l’adorons-nous pas tous ?