Dans une écriture en flux tendu où se percutent discours direct, pensées, souvenirs et projections futurs, Fabrice Caro nous plonge dans la pensée resserrée dans le temps d'un homme monomaniaque en proie à un chagrin d'amour qui éclipse tout le reste. En dilatant ainsi le temps d'un dîner de famille, sa narration presque en temps réel permet une réflexion et une analyse creusée de chaque instant, où tout est propice à un signe, à un souvenir et un commentaire, virant à certains moments à la torture mentale introspective assez vertigineuse.
L'auteur de bande dessinée y glisse tout son talent pour manier mots imagés et humour absurde, jouant de comparaisons et de surenchères, parfois à l'excès ; son humour, fonctionnant sur le mécanisme de la reconnaissance où chacun retrouvera un peu partout ses proches et soi, est très efficace même s'il souffre parfois de longueurs et qui desservent à certains moments le plaisir d'une lecture facile, fine et drôle.
C'est même finalement dans le portrait attendri d'une classe moyenne très française qu'on se retrouvera le plus.