D’ordinaire, Jean-Baptiste Del Amo ne m’impressionne pas beaucoup. Il fait pourtant tout pour, à chaque phrase. Dans les pires moments, tout chez lui m’agace, la lourdeur de son écriture qui se regarde à n’en plus finir, ampoulée et ronflante, et peut-être plus encore la morbidité béate de son regard sur le monde. Tout est si démonstratif dans ses livres : ce mélange de classicisme formel et de poses de lycéen gothique et nihiliste, sa narration qui souligne inutilement tous les indices lourds de sens (ici l’apparition d’un pistolet longuement manipulé dès les p.63-64 : inutile de convoquer la célèbre citation de Tchekhov pour se douter qu’il servira)…
Mais ces moments d’agacement se font plus rares dans ce dernier roman que dans Une éducation libertine ou Règne animal : à l’exception du pénible prologue, et malgré des rechutes régulières dans ses travers habituels, on a là du JB Del Amo dégraissé, resserré, au service d’une intrigue prévisible et un peu rebattue mais bien vissée et dont il soigne la tension : l’histoire d’un père absent qui refait soudain surface dans la vie de son ex-compagne et de son fils de 9 ans pour les emmener vivre quelques temps dans la maison vétuste au milieu des montagnes dont il a hérité.
Je découvre dans le Fils de l’homme un Del Amo un peu plus mature, un peu plus serein, qui se dépouille peu à peu des effets de manche derrière lesquels il se cache depuis toujours, pour parvenir, enfin, à m’impressionner pour de bon sur une centaine de pages. On y est presque : la prochaine fois sera peut-être vraiment la bonne.