Paris libéré?
Ce livre est grisant par instant, drôle, souvent. Énervant, parfois. Tout ça tient au talent paradoxal d'Aurélien Bellanger : une capacité de conceptualisation hors normes. En découle nécessairement...
Par
le 10 févr. 2017
6 j'aime
Ce livre est grisant par instant, drôle, souvent. Énervant, parfois. Tout ça tient au talent paradoxal d'Aurélien Bellanger : une capacité de conceptualisation hors normes. En découle nécessairement une écriture pouvant être perçue par le lecteur comme (très)prétentieuse, renforcée par un récit à la première personne de type "gros con de droite". On est facilement captivé par la capacité de l'auteur à jongler avec les concepts, à croiser l'urbanisme, l'histoire, la politique, l'anthropologie, pour construire en quelques lignes une théorie aussi alléchante que fumeuse. On saluera également sa tentative de réenchantement de la banlieue parisienne, son observation minutieuse de ses contrastes, de ses disparités, de son histoire; mentions spéciales pour la description hallucinée des soirées étudiantes à Cergy-Pontoise, et pour le pèlerinage compostelo-francilien de la fin. Une entreprise inédite, tout comme l'est la volonté de chroniquer les années Sarkozy, de mettre à jour les mécanismes de cette curieuse parenthèse de l'histoire très récente.
Tout cela fait-il un bon roman? La question se pose, tant apparaît dans l'esprit du lecteur, au moment de refermer le livre, un sentiment de confusion. Au machiavelisme à tendance complotiste du début succède une crise existentielle du narrateur, qui trouve son dénouement tardif de manière facilement provocatrice. Le Grand Paris apparaît comme la succession d'un même exercice décliné à l'infini : la théorisation à outrance du monde. Dans cette geste audacieuse et orgueilleuse, la narration n'est qu'un fil rouge, un prétexte un peu effacé. De ce point de vue, L'aménagement du territoire proposait, par la cohérence de son jusqu'au-boutisme et l'apothéose de sa conclusion, quelque chose de plus satisfaisant.
Créée
le 10 févr. 2017
Critique lue 1K fois
6 j'aime
D'autres avis sur Le Grand Paris
Ce livre est grisant par instant, drôle, souvent. Énervant, parfois. Tout ça tient au talent paradoxal d'Aurélien Bellanger : une capacité de conceptualisation hors normes. En découle nécessairement...
Par
le 10 févr. 2017
6 j'aime
Le Grand Paris, 3em roman d'Aurélien Bellanger (1er "La théorie de l'information", 2em : "L'aménagement du territoire"), dont la première publication portait sur Houellebecq. Et le lien était fait,...
Par
le 10 mars 2017
4 j'aime
Après l'Aménagement du territoire et la Théorie de l'information, je m'attaquais à mon troisième Bellanger avec envie, d'autant que le sujet pouvait donner lieu à une belle satire du milieu...
le 2 nov. 2018
2 j'aime
Du même critique
Ce livre a glissé sur ma mémoire comme le sable entre mes doigts. Peut-être était-ce voulu par Borges. Alors que j'étais resté stupéfait et enchanté à chaque page de Fictions, voilà qu'aucune des...
Par
le 8 août 2017
2 j'aime
Toute la force du film réside dans sa capacité à montrer un Paris que le cinéma français ne sait plus voir. Les classes populaires dans le cinéma français d'aujourd'hui ont tendance à être cantonnées...
Par
le 26 févr. 2017
2 j'aime
. En 1949, 4 français biberonnés aux valeurs du scoutisme décident de suivre les pas des premiers explorateurs français qui s'aventurèrent sur les "chemins d'eau" en Amérique, deux cents ans plus...
Par
le 6 juin 2018