Le Grand Sommeil par J. Z. D.
Voilà pile le genre de livres que j'aime ! On a envie d'en faire un film à la première lecture - ah ah ! Imaginez, Marlowe arrive, il est debout devant une immense manoir, beau, propre et sobre ; un valet le reçoit, l'introduit dans la serre près d'un vieux monsieur en chaise roulante, fortune du pétrole, qui l'attend dans la chaleur moite où vivent ses plantes géantes ; et bim l'intrigue est lancée. Blackmail, extorsion. Et nous voilà dans les rues sombres, sous la pluie noire, de moins en moins sobre. Chaque fois qu'il ouvre une porte, il y a toujours une fille, belle, grande, fine, et les couleurs des cheveux, des yeux sont bien tout ce qui changent. En particulier les deux filles du vieux général, Carmen, qui suce son pouce avec un air de petite pétasse, et Vivian, la grande soeur accroc aux jeux, trois fois mariée ! Et il y a des méchants tellement cool, le gros Geigger avec son chapeau et sa moustache et son racket un peu louche, Eddie Mars le mec avec des diamants jusqu'à la cravate, il y a le mec toujours en gris, et Canino toujours en nuance de marron, et la bande des policiers, Ohles du DA's office ; enfin, voilà, des personnages cool !
Dans une intrigue qui s'enfonce, se salit ; et le style nage au milieu de tout ça, avec légèreté dans la crasse, tout ça est assez parfait, vraiment. Evidemment, comme je le lisais en VO, peut être que j'exagère un peu les traits, que tout ça c'est dans ma tête, je me fais des films un peu magique quand je croise un mot que je ne connais pas encore, j'ai une tendance à le contextualiser, à lui donner les sens les plus cool, et croyez moi ça rend un peu merveilleux ! Ca rend les filles plus belles, l'air plus lourd et sale, les méchants plus méchants et le héros toujours plus classe !