Mort juste après l’avoir achevé, Tomasi di Lampedusa nous offre dans son unique roman un diamant de littérature.
Sur fond de déliquescence d’une époque, celle de la chute et de la reconversion de l’aristocratie sicilienne face à Garibaldi, niché grâce au talent de l’auteur dans ces sombres fractures séparant les mondes, ceux d’avant et ceux d’après, vous déroulez l’oeuvre le souffle coupé.
Chaque page, chaque phrase merveilleusement ciselée vous entraîne au coeur : les étés tyranniques, assassins et brûlants du sud de l’Italie, vous les ressentez sur votre peau ; la volupté baroque des palais siciliens, vous en mesurez la relative fraîcheur et les odeurs mêlées d’araucarias, de chênes verts et de pins ; la tristesse lucide du Prince, vous en acceptez l'étreinte et vous l’accompagnez comme une amie suicidaire.
Une lecture qui rappelle de façon cinglante pourquoi on aime la littérature.
Les étoiles semblaient troubles, leurs rayons avaient peine à traverser la couche de chaleur suffocante. L'âme du Prince s'élança vers elles, les intouchables, les inabordables, celles qui donnent la joie.