Ce qui frappe dans Le héron de Guernica, c'est l'économie de mots. Rien de grandiloquent dans ce roman D'Antoine Choplin, bien au contraire, une simplicité, une pureté, une sorte de naïveté qui correspond au caractère de son modeste héros, Basilio, ce peintre timide qui croisera la route de Picasso, sans pouvoir lui adresser la parole. Ce parti pris de la douceur est d'autant plus étonnant que Choplin raconte l'horreur de Guernica, un sombre jour d'avril 37. Mais il le fait à travers le regard de Basilio, celui d'un artiste, d'un être qui pense à la beauté des choses avant tout et se trouve déboussolé dans le bruit et la fureur des bombardements. S'il est sobre dans son écriture, Antoine Choplin n'en possède pas moins un talent d'évocation stupéfiant pour "photographier" les situations (le marché, le déserteur, le face à face avec le héron ...) et les personnages, campés de telle façon, qu'ils sortent littéralement du livre et qu'on jurerait les voir pour de vrai. Au-delà de son thème sous-jacent : qu'est-ce que l'art et comment doit-il (peut-il ) témoigner du fracas du monde ?, Le héron de Guernica est un livre fragile et précieux d'une infinie richesse malgré sa brièveté.