Je suis finalement un peu déçu. Ce qui m'avait attiré vers ce roman c'était l'originalité de la situation avec ce hussard italien exilé en France qui fuis une violente épidémie de choléra pendant une canicule et qui doit se retrancher sur les toits brûlants de Manosque mais en fait ce passage ne représente qu'un épisode assez mineur de l'histoire. Ce qui rends ça d'autant plus frustrant c'est que c'est sans doute la meilleure partie du livre avec le moment où Angelo découvre pour la première fois les ravages de la maladie dans un village.
Je me voyais déjà passer une bonne partie du bouquin à suivre les différentes péripéties du personnage en train d'observer les populations sombrer dans la folie, le désespoir etc. Je me voyais déjà me délecter de la situation du gars qui découvre pleins de trucs loufoques de sa hauteur, qui allait devoir s'organiser pour survivre au climat étouffant et essayer d'atteindre différents endroits sur les tuileries. Mais finalement on a une sorte de road-trip à travers la France avec des descriptions de montagnes et d'arbres ad nauseam. J'ai donc le sentiment d'un auteur qui a surtout voulu rendre hommage aux superbes paysages ruraux de l'hexagone. Les premiers chapitres jusqu'au passage avec la None avec qui Angelo s'occupe des cadavres sont vraiment prenants mais après on s'enlise dans pas mal de redondance. Dommage.
Même les quelques réflexions philosophiques abordées sur le libre arbitre et l'honneur du soldat sont somme toutes assez simplistes et guerre très développées. Ce n'est pas de l'introspection existentielle très poussée quoiqu'on en dise. La petite amourette platonique avec Pauline manque quant à elle un peu de relief et de piquant. Il pourrait y avoir le propos de la populace un peu complotiste sur les bords qui doute du sérieux de l'épidémie et qui fait écho à ce qu'on a pu vivre avec le Covid mais encore une fois c'est seulement abordé en surface.
Le passage le plus inspiré au final est sans doute le dernier personnage rencontré par le couple qui est ce médecin de campagne assez bizarroïde qui fait des analogies et des parallèles assez douteux sur la relation entre le fonctionnement interne du corps humain ravagé par le choléra et des hypothèses sur la psychée et la psychologie des gens, le tout entrecoupé de pleins de références historiques connues etc. C'est surprenant, original et bien tourné mais trop rare dans le récit.
Cela reste donc un roman assez sympathique mais auquel il manque un petit truc.