J'ai apprécié la lecture du Jeune Homme d'Annie Ernaux. Ce format (très,) court est comme la consistance organique de cette idylle, bref. Un moment unique dans une vie pour AE, qui a pourtant pour elle un aspect de répétition. Un travail sur le temps, le temps qui passe et qui finalement ne peut-être fait que repasser.
On sent chez AE, tout de même, un mépris, un cynisme, une lente rancoeur qui quand ces 3 sentiments sont un peu masqués comme ici et pas complètement dévoilés (comme dans la place, on ressent bien le même mépris de classe que dans ce texte. Elle avoue juger son Roméo à sa façon de découper une pomme et d'en piquer les quartiers par exemple) donnent un vrai enrobage au texte.
Ici, je trouve l'écriture un peu moins épurée (bien que cela ne soit pas un défaut) et plus stylisée que dans d'autres de ses ouvrages. Beaucoup de passages m'ont plu d'un point de vue littéraire (j'ai la flemme de vous les partager, pour les curieux le paragraphe se terminant par «palimpeste» est un bon exemple)
C'est un texte qui ne nous partage quasiment pas le point de vue du jeune homme, on ne perçoit donc pas quelle est la singularité de cette relation pour lui. Pour Ernaux, c'est assez déroutant de découvrir qu'elle ressent à la fois des sentiments classiques, typiques de toute relation (elle dit que quand son petit playboy emprunte un de ses peignoirs elle y voit tous les amants de sa vie) et en même temps elle ressent une forme de rébellion aux codes de la société (le regard que les gens portent sur elle. Comme quand dans sa jeunesse, elle portait des robes moulantes et que cela interloquait les passants.)
Cette dichotomie que nous venons d'évoquer entre l'inédit et le banal, résume parfaitement ce texte, où là plume d'Ernaux transcrit cet écoulement du temps, qui n'est pas linéaire mais bien toujours circulaire. Tout se répète inlassablement. Derrière l'inédit, se cache le banal, qui ne met jamais bien longtemps à être démasqué. Mais que finalement on cherche toujours à revivre.
7.25-7.5
Oui je trouve que Ernaux dans cette histoire a un petit côté OSS117. Ça n'engage que moi ! (Mon avis étant universel...)