Le joueur d'échec est une nouvelle avec ce que cela implique en terme de brièveté mais elle aurait très bien pu faire un bon sujet de roman.
En effet si l'on prend beaucoup de plaisir à la dévorer, que l'on apprécie la méthode de narration imbriquée et plus globalement le sujet traité, l'on ne peut s'empêcher de regretter un potentiel développement des thèmes de la folie, de la monomanie ou même des caractéristiques du jeu d'échecs qui aurait pu constituer un excellent roman.

Passée cette frustration, le lecteur retiendra qu'il a lu le tout sans interruption (et ce n'est pas qu'une question de nombre de pages) et qu'il s'est intéressé au contexte entourant l'écriture de cette œuvre, c'est à dire la vie de son auteur Stefan Zweig mais aussi les évènements tragiques l'ayant précédés (la première guerre mondiale) ou bien accompagnés (la montée du nazisme, l'exil).
Avec ses personnages forts, Le joueur d'échecs parvient à susciter la curiosité (à l'encontre du joueur professionnel, froid et muré dans un mutisme déconcertant), l'imagination (concernant la situation du captif de la Gestapo : ne se met-on pas inévitablement à sa place dans cette chambre d'hôtel pour essayer de ressentir son isolement, son enclavement ? Se demander comment l'on aurait agi... si tant est que l'on ait pu se secouer de notre léthargie ? ).

Au final la nouvelle de Stefan Zweig tient plus d'un récit sur la création de la folie que d'un traité d'échecs ou d'une illustration des conséquences de la guerre.
Car si à la fin les deux personnages principaux s'en "sortent bien" (si l'on peut le formuler comme ça), l'un ne perdant pas sa partie, l'autre ne retombant pas sa folie, il n'en reste pas moins leurs vies semblent prisonnières de leurs passés respectifs, passé ayant conditionné leur développement.

Avec plus de profondeur, de détails, Le joueur d'échecs aurait indéniablement gagné en distinction ce qu'il suscite déjà en intérêt et en plaisir.
Et n'en aurait été qu'encore plus unique !
ngc111
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le 12 févr. 2011

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