Cette nouvelle de Stefan Zweig, qui est sa dernière œuvre et qui est parue en 1942 après son suicide, est tout à fait passionnante. A travers les échecs et les personnalités opposées de deux joueurs, Zweig reprend une fois de plus le thème de la monomanie. Mais en réalité, le sujet principal n'est pas les échecs mais plutôt la capacité de l'esprit à résister à des tortures mentales.

En effet, un des deux joueurs a été enfermé pendant plusieurs mois par les nazis dans une pièce fermée où il n'avait à disposition aucun objet et n'avait absolument rien à faire. De quoi devenir fou. Justement, pour résister à la folie qui s'empare de lui, B. arrive à subtiliser un livre d'échecs qui va lui permettre de mieux résister aux interrogatoires même si sa passion naissante pour les échecs, seule façon de s'en sortir va faire de lui un véritable schizophrène, car il finit par faire des parties entières dans son cerveau, jouant coup sur coup pour les blancs, puis les noirs... en essayant d'oublier la logique des coups de l'autre joueur.

Le Joueur d'échecs est donc une nouvelle très agréable, rapide à lire, mais peut-être un peu courte : en reposant le livre, on reste un peu sur sa faim, on aurait aimé encore mieux connaître les deux personnages, notamment Czentovic, champion du monde d'échecs qui, plutôt que d'être un génie, ressemble plutôt à un imbécile dans la vie courante.
socrate
8
Écrit par

Créée

le 16 mai 2011

Critique lue 3.8K fois

30 j'aime

3 commentaires

socrate

Écrit par

Critique lue 3.8K fois

30
3

D'autres avis sur Le Joueur d'échecs

Le Joueur d'échecs
SanFelice
8

Le Roi et le Fou

Difficile, en parlant du joueur d'échecs, de ne pas succomber au vice de l'interprétation autobiographique. Dernière nouvelle de Zweig, Autrichien émigré en Amérique du Sud, il y traite, entre autre,...

le 11 juin 2014

140 j'aime

5

Le Joueur d'échecs
EvyNadler
9

En noir et blanc, je prendrai ton roi.

Czentovic est le champion du monde des échecs. Pourtant, ce rustre monsieur ne semble pas baigner dans une intelligence débordante. On dirait un imbécile et sa nonchalance perpétuelle ne le rend pas...

le 3 janv. 2015

54 j'aime

6

Le Joueur d'échecs
SeigneurAo
9

Quand le joueur d'échecs démate, c'est un royal naufrage

Dans ma lignée récente de livres-blitz, les moins de 100 pages du joueur d'échecs sont admirables. Découpée en trois actes, la nouvelle trahit un art consommé de la narration, en accrochant le...

le 17 avr. 2012

32 j'aime

Du même critique

Ma liberté de penser
socrate
1

Ma liberté de tancer

Cette chanson est honteuse, un vrai scandale : il est absolument inadmissible et indécent de tenir de tels propos quand on gagne plusieurs millions d'euros par an, alors que des tas de gens galèrent...

le 12 avr. 2012

171 j'aime

76

La Ligne rouge
socrate
4

T’es rance, Malick ?

La ligne rouge, je trouve justement que Malick la franchit un peu trop souvent dans ce film, malgré d’incontestables qualités, que j’évoquerai tout d’abord. La mise en scène est formidable, la photo...

le 21 sept. 2013

136 j'aime

78

Ernest et Célestine
socrate
9

A dévorer à pleines dents !

Pour tout dire, je ne savais rien de ce film avant d’aller le voir, je craignais une histoire un peu gnangnan pour bambin à peine sorti du babillage. Bref, j’y allais surtout pour accompagner la...

le 10 janv. 2013

133 j'aime

22