Si on ne me l’avait pas offert, je n’aurais certainement jamais lu Le jour avant le bonheur : non seulement Erri de Luca ne m’a jamais particulièrement tenté, mais ce titre quasiment digne du catalogue de romans de développement personnel d’Eyrolles m’aurait plutôt fait filer me planquer à l’autre bout de la librairie.
Est-ce bien raisonnable néanmoins de juger un livre à son titre (plutôt qu’à sa couverture comme on dit en anglais) ?
En l’occurrence, oui : Le jour avant le bonheur est un récit d’initiation assez classique, pour ne pas dire cliché, avec son héros orphelin aidé par un mentor secret mais généreux et philosophe, son cadre historique douloureux (Naples se relevant de la fin de la 2GM - mais on est loin de Malaparte), et sa façon de se jeter sur chaque étape incontournable de ce genre d’histoire (éveil sexuel et amoureux, découverte d’une filiation torturée, etc.) comme s’il fallait cocher une liste de courses.
Ça pourrait rester sympathique et agréablement solaire (comme on dit de manière convenue quand un livre se passe dans le sud de l’Italie) si les personnages ne s’exprimaient pas avec ce qui ressemble à un montage de citations sorties des papillotes qu’on déballe à table au réveillon, pleines de ces phrases creuses qui se donnent des airs vaguement inspirants en utilisant à tort et à travers le présent de vérité générale. Bref, comme je m’en doutais ce n’était pas pour moi.