Dans les notes de l'auteur, Antonio Garrido explique qu'il a découvert, en lisant le compte-rendu d'une conférence sur la médecine légale, que l'origine de cette profession était attribuée à Song Ci, fonctionnaire chinois du 13e siècle. Il a, le premier, théorisé cette science dans une série d'ouvrages décrivant par le menu les procédures à suivre pour examiner un cadavre et déterminer les causes d'un décès, ainsi que tout ce qui se rapporte aux enquêtes criminelles.
C'est ainsi que l'auteur a eu l'idée d'écrire la vie de Song Ci et de raconter comment il est devenu le premier médecin légiste de l'histoire. Mais la vie de Ci étant très peu connue, il a du énormément broder. Et le problème, c'est que cela se voit un peu trop. La vie de Ci est très romanesque, tous les malheurs du monde s'abattent sur les épaules du jeune homme. En quelques chapitres, il se retrouve orphelin, fugitif, avec une petite sœur malade à charge. Et ce ne sera que le début d'un long chemin de croix.
Antonio Garrido colle beaucoup trop d'embûches à son héros et j'aurais pu détester ce roman pour cela. Deux choses le sauvent. Tout d'abord, la partie historique est passionnante. On sent que l'auteur s'est bien documenté sur la législation, la bureaucratie, la médecine, l'étiquette, et bien d'autres aspects de la vie en Chine sous la dynastie Song. Ainsi, même si je pestais à chaque fois que Ci retombait au fond du gouffre, j'avais tout de même envie d'en lire à chaque fois un peu plus.
L'autre point positif, c'est quand une véritable enquête débute. L'histoire prend alors une toute autre tournure et devient un véritable roman policier. Enquête, interrogatoires, recherche d'indices, de mobiles et, bien sûr, étude des cadavres, j'ai vraiment adoré ! L'intrigue est bien ficelée, avec beaucoup de surprises et de retournements de situation, mais en restant toujours logique. On a même des révélations qui m'ont fait apprécier, à rebours, pas mal de ce que je reprochais au début de l'histoire.
Je referme le roman sur une excellente impression. D'autant plus que, malgré son grand nombre de pages, il se lit très facilement. Je le recommande aux amateurs de polars historiques. Si vous parvenez à passer outre la surenchère dramatique du début, vous devriez l'adorer.