Le Loup des steppes par Reka
J'ai voulu aimer un livre. Comme certains prétendent que les classiques déçoivent rarement, j'ai pensé en lire un mais, de préférence, pas trop vieilli. Le loup des steppes, paru en 1927 et interdit sous le régime nazi, figurait dans le top 20 de Sens critique et mettait en scène un grincheux : je me suis dit qu'on était faits pour s'entendre !
Cet ouvrage, d'une grande clairvoyance, est intéressant en ce qui concerne les considérations relatives à l'ambiance de ce qu'on nomme « les années folles » et à l'imminence de cette guerre haineuse dont peu de gens, à l'époque, semblent s'inquiéter. Hermann Hesse parait ici avoir un recul pacifique que n'ont pas ses contemporains et fait preuve d'une sagacité étonnante.
Les réflexions, qu'elles soient liées à la psychologie, à la société, à la culture ou à la musique m'ont intéressée dans un premier temps, mais ont rapidement suscité en moi une forme d'ennui en raison de leur densité et, ensuite, de leur redondance...
En effet, j'ai trouvé que ce livre péchait par excès d'égotisme : Harry n'y fait que se regarder inlassablement. Même lorsqu'il est en rapport avec d'autres personnages et qu'il les apprécie, il ne fait que parler de lui, attendre qu'ils lui parlent de lui ou geindre pour qu'ils gardent l'attention sur lui.
Que ce soit par l'analyse, le ricanement ou la complainte, Harry s'attarde invariablement sur sa personnalité dichotomique. Si ce livre a la qualité d'assurer au lecteur de ne pas se perdre, il m'a paru, au bout d'un temps, lourdement répétitif.
La dernière scène, très dissemblable du reste du livre en raison de la haute concentration d'hallucinogènes ingérée par le narrateur, fait un peu figure de feu d'artifice fantasque dans le roman. Bien qu'interpellée, je suis restée très perplexe...
Par ailleurs, le Loup des steppes, qu'on se le dise, s'étale largement sur la musique en dehors de lui-même. J'ai donc pu m'éclairer de nombreuses réflexions sur la bonne et la mauvaise musiques... Cependant, j'ai une fois de plus pesté sur un discours trop « dogmatique », ce qui ne m'a pas aidée à apprécier davantage ce roman...
Ce serait une offense, m'étais-je dit, que de critiquer en outre le style d'un classique. Mais j'ai eu le loisir de découvrir que des extraits que j'avais recopiés dans mon carnet de citations figuraient sur Babelio sous une plume nettement plus esthétique à mon sens. Si j'avais su, j'aurais fait en sorte de me procurer le roman traduit par les soins d'Alexandra Cade et non par ceux de Juliette Pary (prenez-en bonne note si vous êtes intéressé !).
En définitive, ce livre m'a paru étonnant par son cheminement historique et sa perspicacité (le fait qu'il ait été censuré sous le régime nazi en témoigne), mais tristement lassant dans tous ses autres aspects...