Tout au long de l'année 2015, Thomas Hardy m'aura accompagnée dans mes lectures et grâce à ce très grand écrivain, je ne suis pas prête d'oublier pourquoi j'aime tant la littérature. Le grand souffle romanesque de ses romans, la beauté des descriptions de son cher Wessex et la simplicité de ses personnages - à l'heure où sous couvert d'innovation on les complexifie à l'envi - me rappelle une fois de plus à quel point la lecture est un trésor d'évasion et d'imagination.
Sous l'apparente complexité de leurs trames, les romans de Thomas Hardy dévoilent des personnages facilement abordables et qui échappent à tout manichéisme. Chacun avance dans le récit avec ses forces et ses faiblesses, ses dons et ses erreurs, son passé et son avenir, et il est pour moi tout à fait fascinant de voir Thomas Hardy parvenir à les faire évoluer au gré des circonstances, heureuses ou dramatiques.
"Le maire de Casterbridge" est un magnifique roman qui retrace la splendeur et les misères de Michel Henchard, simple ouvrier agricole au parcours en forme de montagnes russes. Son ascension sociale se sera faite au prix d'un choix moralement indéfendable : la vente de sa femme et de sa petite fille au premier venu, un soir d'ivresse. Cette circonstance qui donne son élan au roman est basé sur une histoire vraie et rend encore plus poignant un récit profondément humain où se mêlent à la fois l'ambition, l'amour, la vengeance, l'égoïsme et le mensonge.
Dans un contexte où les traditions rurales demeurent plus que jamais vives, l'auteur brosse le portrait d'une société que le temps modèle à peine et au sein de laquelle chacun fait ce qu'il peut pour tirer son épingle du jeu, au rythme des saisons et des semailles. J'ai été fortement marquée par la figure de Michel Henchard, un homme d'action en quête de réussite et de rédemption.