Grand classique de la littérature russe du 20 siècle, le Maître et Marguerite se compose de deux parties (pas tout à fait distinctes), la première racontant les méfaits du Diable, apparaissant sous les traits de l'énigmatique Woland, venu traumatiser, persécuter, voir assassiner des citoyens de Moscou en compagnie d'éléments farfelus et grotesques (un homme avec un seul croc, un chat qui parle, une femme nue...). La deuxième s'attache quant à elle de plus près à narrer l'histoire du maître et de Marguerite, personnages éponymes du roman.
C'est un récit très fortement fantastique, satyrique que nous propose Boulgakov, surréaliste parfois dans son caractère extravagant. C'est aussi pour l'auteur censuré un moyen de parler, de se libérer du joug stalinien et d'en dénoncer les entraves et les absurdités.
Fortement inspiré par ses prédécesseurs (Gogol, Dostoïevski, Pouchkine) mais aussi par le Faust de Goethe, l'auteur russe parvient à créer des séquences inoubliables comme cette introduction au bords des étangs du Patriarche, cette scène de bal mise en place par le Diable ou ces séquences de roman tirées de l'épisode de l'arrestation et de la crucifixion de Jésus par Ponce Pilate.
Tout semble fou, débridé, sous la plume malicieuse mais aussi parfois très poétique, toujours imagée de Boulgakov. On est sans cesse à la frontière de la folie, on se demande où l'on va avant de comprendre que cela n'est pas le plus important. le plus beau est dans cette profusion de mots, dans cette langue parfaitement retranscrite par le plus célèbre des traducteurs (André Markowiscz). Un voyage incroyable, drôle, touchant, empli parfois de noblesse et de dramaturgie entre deux épisodes de folie démesurée.
A la hauteur des plus grands !