Romy Hall à vingt neuf ans quand elle arrive à la prison pour femme de Stanville en Californie. Elle est condamnée à deux peines de réclusion à perpétuité plus six ans pour avoir tué un homme qui la harcelait. Ancienne strip-teaseuse, elle traîne derrière elle un passé lourd. Elle laisse son fils Jackson à sa mère et se rassure en se disant qu’il est en sécurité. Mais une lettre vient lui apprendre une nouvelle qui change tout. Le récit alterne entre le passé de Romy et le quotidien de la prison sur plusieurs années.
Romy est l’héroïne principale du récit mais toute une galerie de personnage nous est proposé, et notamment de femmes. On découvre ses codétenus, leurs parcours et leur personnalité. Nous avons même des échos de certaines des prisonnières du couloir de la mort. Ce sont des femmes brisées, perdues et mais toutes très différentes. Les amitiés sont plus fortes mais les haines aussi. A travers leurs histoires, on découvre aussi les failles d’un système injuste qui pousse à la récidive et qui ne sait pas protéger les femmes en danger. Tout au long du roman des questions très diverses apparaissent comme celles des femmes trans en prison ou de la légitime défense. C’est un milieu carcéral violent pour les prisonnières, comme pour le personnel, et un système de justice défaillant qui nous est montré. Le lecteur européen est d’autant plus heurté que le système judiciaire américains et encore plus indigne que le notre (qui est loin d’être exemplaire).
Un personnage masculin se dégage de se roman . Il s’agit de Gordon, un intervenant qui vient donner des cours de littérature aux détenues volontaires. C’est un homme assez complexe, préférant la compagnie des auteurs plutôt que celle des humains. Il choisi de vivre reclus dans un cabane à l’image d’une auteur qu’il admire, Thoreau. Il fait figure de lueur d’espoir dans ce marasme qu’est la prison. Optimiste et généreux, il prend à cœur son travail malgré les moqueries des surveillants et la difficulté de la tache. Mais il a aussi ses faiblesses et ne peut lutter contre une machine injuste. Il n’est qu’un pion au sein d’un monstre qui fait peu cas de ses aspirations. Le lecteur fait avec lui un constat bien pessimiste. ce n’est pas un héro, juste un homme qui cherche a vivre en accord avec ses valeurs. je l’ai trouvé touchant en cela.
Si ses élèves apprenaient à réfléchir, à s’intéresser à ce qu’elles lisent, une partie d’entre elles ne seraient pas enfermées. C’est ce que se disait Gordon, et ce qu’il leur disait aussi. Mais certains jours, comme celui où une femme était entrée dans la salle de classe de la prison et avait balancé de l’eau bouillante sucrée au visage d’une autre, il n’y croyait plus.
A travers ce roman l’autrice livre aussi une critique acerbe de l’Amérique de Bush. Elle pointe le racisme, la misogynie et les failles de la justice. Elle nous raconte la misère, la drogue et l’impitoyable machine judiciaire, autant de fléau qui broient les plus faibles. C’est un roman dont on ne sort pas indemne et qui alerte sur la question carcérale, un sujet qu’il devient de plus en plus nécessaire de soulever.