Une suite logique de Dune, Herbert est un homme de logique, on le sait, c'est donc logique que cette suite soit moins bonne. Elle est logiquement chiante. Tout le caractère épique du premier livre a disparu. Normal on ne va pas revivre deux fois la même aventure. Douze ans après la bataille d'Arrakeen, Paul est au top du top. Chef vénéré et craint dans tout l'univers, il laisse ses Fremens mener un djihad violent qu'on ne voit jamais mais dont on entend les échos. Herbert écrit toujours aussi bien. Les dialogues, les réactions des personnages, leur portrait, leurs espoirs, les tensions dans lesquelles ils baignent, tout cela est irréprochable. Sa plume est aussi intelligente qu'efficace. Sauf qu'ici c'est l'action qui manque et donc le livre se résume à 260 pages de réflexion. Les monologues intérieurs sont pléthore, le récit est celui d'un complot qui se prépare et Herbert en profite pour perdre le lecteur dans les intrigues sournoises et les fausses pistes. Le lecteur est perdu car Paul l'est, et un Paul perdu c'est un Paul incertain et soucieux, et donc un Paul qui réfléchit. La figure du Messie érigé dans le premier livre est démontée page par page dans le second. Phase de désillusion ? Peut-être pas, tout le talent d'Herbert est de nous rendre dubitatif. C'est une réussite sur ce plan mais on sera obligé de passer par l'ennuie également, et ça, ça ne pardonne pas.