Ce livre qu'on qualifie volontiers d'incontournable, de roman culte, de chef d'œuvre (!) et qui a suscité l'enthousiasme de nombreux lecteurs avait immanquablement attisé ma curiosité...

Quand j'ai lu la préface écrite par John Irving, mon intérêt a redoublé. J'ai tout de suite pensé que ce livre recelait de jolies promesses par la façon dont l'auteur s'exprimait et par les sujets qu'il annonçait...

Malheureusement, je dois avouer que j'ai ramé à m'en farcir des maux de tête pour arriver au bout de ce roman. Je me suis acharnée à avancer, me souvenant sans cesse de l'engageante préface et des critiques laudatrices, puis de critiques moins enchantées qui affirmaient que le roman décollait vers la 200e page. Pourtant incapable de porter un tant soit peu d'intérêt à l'histoire des Garp à quelque moment que ce fut, j'ai fini par capituler aux trois quarts du livre...

J'ai trouvé "Le monde selon Garp" globalement décousu : durant la première moitié du livre, les chapitres, à cause d'énormes ellipses, n'entretiennent que rarement des transitions les uns avec les autres. Le roman m'a donc, pendant 300 pages, évoqué ce genre de feuilletons télévisés qui ne nécessitent pas qu'on ait vu les précédents pour comprendre celui qui est en cours. Tout au long du livre, j'ai essayé de comprendre l'intérêt de ce qui avait été précédemment lu, d'assembler les pièces, de trouver une cohérence, mais en vain : je n'ai jamais compris où John Irving voulait nous mener.

A mi-chemin entre le genre loufoque et la tragédie, ce roman m'a paru inconfortable et irréaliste. Je ne suis parvenue à croire ni aux personnages, ni à leurs histoires.

Aussi, l'adultère, la concupiscence, la sexualité, exemplifiés sous toutes leurs formes, m'ont donné l'impression d'un roman emprunt de voyeurisme, en dépit de son côté moralisateur.

Le style de l'auteur, correct mais certainement pas spectaculaire à mon sens, ne m'a pas transportée non plus. Si bien que les nouvelles de Garp, qui nous sont données à lire parfois in extenso dans le roman, n'ont fait que peser un peu plus sur mon ennui.

En définitive, je reconnais à ce livre beaucoup d'imagination et quelques propos malicieux, mais il m'a semblé qu'Irving, à force de vouloir traiter trop de sujets à la fois, a mené son livre vers quelque chose d'abominablement confus et superficiel.

Trop de péripéties, trop de sujets, trop de longueurs.
Pour moi, ce fut ô combien épuisant.

Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir apprécié l'idée du roman, entrevue dans la préface, même s'il a fini par totalement m'échapper...
Reka
3
Écrit par

Créée

le 24 févr. 2012

Critique lue 3.9K fois

20 j'aime

4 commentaires

Reka

Écrit par

Critique lue 3.9K fois

20
4

D'autres avis sur Le Monde selon Garp

Le Monde selon Garp
lafillelabas
10

Critique de Le Monde selon Garp par lafillelabas

C'est la guerre et il y a une insémination presque artificielle, il y a un homme qui vit par les femmes, et qui meurt par elles. Tu ris, tu pleures, tu t'inquiètes, tu doutes, tu ricanes. C'est mon...

le 2 juin 2010

16 j'aime

5

Le Monde selon Garp
MarlBourreau
9

Inception littéraire : des romans dans le roman.

Comment aborder simplement Le Monde selon Garp de John Irwing ? Ce n'est pas possible. Non pas que le livre soit complexe, c'est juste que l'auteur s'essaie pour notre plus grand plaisir à un...

le 31 oct. 2015

13 j'aime

2

Le Monde selon Garp
jaklin
7

L'imagination débridée

Voilà donc terminé mon deuxième Irving. Pas simple de parler de ses romans-fleuves où se déploie ce qui me manque le plus : l'imagination.C'était déjà le cas avec L'oeuvre de Dieu, la part du diable,...

il y a 4 jours

10 j'aime

6

Du même critique

La Délicatesse
Reka
2

Critique de La Délicatesse par Reka

Précepte premier : ne pas lire la quatrième de couverture(*) de ce fichu bouquin. (*) « François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. C'est la boisson la moins conviviale...

Par

le 19 mars 2011

28 j'aime

3

Il faut qu'on parle de Kévin
Reka
9

Critique de Il faut qu'on parle de Kévin par Reka

Eva Khatchadourian entreprend d'écrire à son ex-mari, Franklin, pour réévoquer le cas de leur fils, Kevin. A seize ans, celui-ci a écopé de sept années de prison ferme en assassinant et blessant...

Par

le 7 janv. 2011

25 j'aime

2

Le Chœur des femmes
Reka
6

Critique de Le Chœur des femmes par Reka

Le tempérament contestataire et farouche de Jean Atwood m'a particulièrement amusée et a par conséquent contribué à une immersion rapide et facile au sein de l'ouvrage. Le roman de Martin Winckler...

Par

le 29 mai 2012

20 j'aime