La brièveté des chapitres (construits à partir d’une idée ou d’un personnage) du "Muguet rouge" frappe d’emblée, tant la substantifique moelle de l’écriture est ainsi atteinte. C’est un livre où la mort est omniprésente, la perte, la lassitude de vivre mais aussi le mysticisme. "Le muguet rouge", cette formidable trouvaille poétique, égrène quelques écrivains, poètes ou philosophes, toujours dans le but de faire sens. Les baies du muguet sont rouges… et le muguet est une plante très toxique, voire mortelle. Dès la phrase en exergue, il y a une mise en garde du progrès, notion reprise à plusieurs reprises, parfois de façon radicale : "La modernité est le crime parfait". Ce monde honni, la société actuelle "aux mains de l’économie", l’auteur y échappe par l’écriture et le sentiment amoureux. C’est la trilogie du pouvoir : religieux, commerçants, militaires qui est mise à mal. "Plus d’âmes, que des clients". Le constat de l'appauvrissement de la langue concorde avec le reste : "Le balai du progrès est passé sur le langage". Un livre de 78 pages tranchantes, rempart à la bêtise et à l’abrutissement.