L'inconvénient de toutes ces adaptations plus ou moins récentes des romans d'Agatha Christie, c'est qu'il devient difficile de mettre la main sur une histoire complètement vierge et inédite.
En effet, je me faisais une joie de me plonger dans ce "Noël d'Hercule Poirot", l'une des rares enquêtes du détective belge encore jamais lues, mais c'était sans compter sur la mini-série de France 2 "Petits meurtres en famille", vue il y a quelques années, et qui s'avère en être l'adaptation.
Du coup, certains éléments de l'histoire ont très vite resurgi dans ma mémoire au cours de la lecture (notamment l'arc narratif consacré à Pilar, la petite espagnole délurée), même si dieu merci je ne me souvenais pas de l'identité du meurtrier...
N'empêche que ces réminiscences m'ont quelque peu gâché la découverte, entre ce dont je croyais me souvenir, et ce dont je me rappelais vraiment...
Par ailleurs, "Le Noël d'Hercule Poirot" est un whodunit ultra-classique, un prototype d'intrigue agatha christienne, avec la vieille demeure familiale dans la campagne anglaise, le vieux patriarche malfaisant qui finit assassiné, et les divers membres de la famille recomposée, comme autant d'archétypes et de coupables potentiels.
Aucune originalité à attendre de ce côté-là, ce qui contribue à la sensation de lecture un peu routinière et pas aussi palpitante que prévu. La trame se révèle simple, dénuée de véritable rebondissement intermédiaire, se résumant à une succession d'interrogatoires.
Heureusement, comme toujours chez Agatha Christie, il reste le coup de théâtre final, et celui-ci m'a semblé très réussi. Comme souvent, c'est la personne qu'on soupçonne le moins qui se révèle coupable, mais avec ici une subtilité supplémentaire que j'ai beaucoup apprécié.
On se rend compte au passage que l'auteur anglaise avait déjà "tué le game" du roman d'énigme à son époque, en imaginant grosso modo tous les types de twists possibles et imaginables, qui depuis sont éternellement ressassés dans les divers films, séries TV, et romans policiers contemporains.