Changement de format pour le fleuve de l'éternité. Non, le fleuve est immensément long. Le changement concerne le format des bouquins. Deux premiers opus très courts et un troisième tellement gros, de ses plus de mille pages, qu'il se tient en deux volumes. Et donc, vous aurez compris que ce noir dessein n'est qu'un demi troisième opus. Ce qu'atteste le début de la lecture de la seconde moitié du troisième opus (le quatrième tome, donc^^), que j'ai entreprise en suivant histoire de garder le rythme. Je ne suis pas loin de penser d'ailleurs qu'il aurait été plus judicieux de faire une unique chronique de ce troisième opus. D'où les considérations douteuses qui précédent et qui vont me permettre de m'en sortir avec une longueur de chronique, qui sans atteindre celle du Fleuve, n'en sera pas moins honorable.
Pour simplifier les choses, il y a un quatrième opus et donc un cinquième tome. Même si Farmer ne laisse planer aucun doute dans son avant propos quant au fait que son quatrième sera, promis, juré, craché, le dernier. Mais un éditeur a ses raisons que la raison ignore et même l'auteur le plus réputé peut avoir de temps à autre besoin de bouffer.
Bon, pour en venir au fait, ce troisième tome est bien la suite du premier comme du second. On retrouve l'ensemble des protagonistes déjà rencontrés : Burton, Cyrano, Alice, Twain, le Prince Jean et quelques autres. Apparaissent ici Jack London, un acteur de western que je ne suis pas parvenu à identifier (manquant un peu de culture en la matière, je penche tout de même pour John Wayne), ainsi qu'un personnage féminin imaginaire Jill Gulbirra, à travers laquelle je soupçonne en fait Farmer d'avoir voulu régler quelques comptes avec le féminisme, tant elle est caricaturale. Sans oublier bien entendu Peter Jairus Frigate, incarnation de l'auteur dans son récit, et qui semble doté du don d'ubiquité, à moins que tout ne s'explique dans le quatrième et supposé dernier tome. Ne manque, et c'est dommage, que l'indécrottable Hermann Göring, qui - qui sait ? - réapparaitra peut-être un jour.
Le conte philosophique, très présent dans les deux premiers opus, s'estompe ici quelque peu au profit du seul récit d'aventure, pour autant très agréable à lire. En bateau et en dirigeable, nos personnages cherchent à atteindre la mystérieuse tour, située au pôle Nord, dont ils pensent qu'elle leur dévoilera les mystères de leurs résurrections et des démiurges qui en sont à l'origine. Une quête bien compliquée au vu des dimensions de la planète, d'autant qu'on ne peut pas dire qu'ils agissent de façon très coordonnée, même quand ils ne se foutent pas carrément sur la gueule. Mais l'humanité ne va pas se refaire, hein ?
Un bon bouquin, donc, même si on y trouve, à mes yeux du moins, quelques longueurs, en particulier lorsque Farmer - à travers Frigate - y étale ses souvenirs d'enfance et de jeunesse ou des considérations empreintes d'un mysticisme qui ne m'a guère accroché. Un défaut toutefois mineur au regard des qualités de l'ensemble.