Les petits pains aux saucisses
"Il semblait ne s'être tué que parce qu'on lui avait volé sa valise ! Sinon, pourquoi eut-il acheté au buffet de la gare des petits pains qu'il n'avait pas mangés ?" p. 20
Je me suis découvert, il y a quelques temps, une passion pour ces policiers dans lesquels on comprend assez rapidement que ce qui entoure l'intrigue va être plus intéressant encore que l'intrigue elle même.
Déstabilisée par des premières pages à l'écriture simple (mais pas simpliste !), j'ai mis un peu de temps à comprendre où Mr Simenon voulait en venir. Maigret, personnage mutique pour le moins intriguant, décide de mener une enquête (si tant est qu'on puisse parler d'enquête) officieuse sur le suicide d'un jeune homme encore "plus piteux" mort que vivant, qui semble s'être tué pour une valise volée. Valise qui contenait un vieux costume. Maigret qui est en fait celui qui a volé la valise, par jeu, par curiosité ou par défi (ou les trois), assiste à la scène et dans un élan d'incompréhension et de culpabilité, se lance à la poursuite d'un homme d'affaire suspect.
Tout le long des pérégrinations de Maigret, on est enveloppés d'une atmosphère trouble, ouatée et délicieusement absurde. Une absurdité très maîtrisée, proche du réel, presque imperceptible. On découvre aussi avec plaisir les dessous de personnages bien plus complexes et humains qu'il n'y parait.
Finalement, d'un roman dont l'intrigue peut manquer de rebondissements, je retiens la peinture très juste de la nature humaine. Car plus qu'une enquête sur l'homme à la valise et aux petits pains aux saucisses, c'est une enquête sur ces hommes qui, face au drame, se tournent vers la vie quant d'autres choisissent de se rouler dans la boue.
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