Quand j’ai ouvert Le Problème à Trois Corps, je ne m’attendais certainement pas à un livre de science fiction aussi complexe.Liu Cixin, l’auteur, ayant à la base une formation d’ingénieur, fait se rencontrer une intrigue romanesque et des probabilités scientifiques dans les domaines de l’astrophysique, de la physique quantique et de la nanotechnologie.Cette pluridisciplinarité étant difficile à s’approprier pour un non-scientifique a pourtant le mérite d’engager le lecteur à fournir des efforts de compréhension globale pour cerner le but de l’histoire.Personnellement, je me suis vraiment accroché et ne regrette pas de l’avoir fait tant l’agencement du livre plaquant du complexe pour faire naître le sens est prodigieux et intéressant. J’ai vraiment aussi aimé l’approche de Liu Cixin face à la science, de démontrer sereinement et jamais méchamment que sa toute puissance de façade est un leurre car les scientifiques sont aussi des gens d’émotions, et de pulsions comme nous tous.Les personnages de Wang Miao et de Ye Wenjié, sont emblématiques de ces supers éminences grises parfois démunies devant la condition humaine orientée vers les choix les plus désastreux et son impuissance à prendre des choix logiques et élémentaires. Ye Wenjié le verra à travers le communisme divisant la société chinoise au nom de idéologie et Wang Miao sur son investissement dans un jeu de rôles virtuel (les trois corps, dont l’existence est liée à l’objet de l’intrigue pour ne pas en dire plus.) L’ambition scotchante de ce roman de presque cinq cents pages, est aussi forcément remarquable car ces allers-retours entre l’Histoire, les connaissances scientifiques ultimes et la complexité des sentiments humains et trisolariens ( lire le résumé Sens Critique) est si vertigineusement virtuose. Publié en 2008 en Chine, il aura fallu attendre huit ans en France pour découvrir cet objet d’orfèvrerie littéraire. Un décalage temporel nous faisant sourire car il nous fait tellement penser à propos entre cet écart entre la Terre et Trisolaris.