Au fond (une expression qui prend tout son sens ici), Le Puits ressemble à ces cauchemars réalistes que nous faisons parfois. Une situation inextricable, confuse et suffocante que seul le réveil permet de dissoudre. Le livre d'Ivan Repila se présente sous la forme d'un conte cruel dont nombre de questions, et des plus essentielles- qui sont ces deux frères tombés dans le puits, comment en sont-ils arrivés là, où vivent-ils et à quelle époque ?- ne seront jamais résolues. Une histoire de survie et de fratrie qui ne nous épargne aucun détail (sordide ?). Ivan Repila a un vrai savoir-faire et il ne tombe pas dans le piège de la répétition, pourtant difficile à éviter dans un huis-clos à espace aussi réduit. De là à comparer Le puits à Jules Verne, Alain-Fournier ou Saint-Exupéry comme le fait Zoé Valdès dans sa préface, il y a un pas ou plutôt un gouffre. Parce que malgré le réalisme des descriptions, le roman reste une sorte d'abstraction intellectuelle, un exercice de style qui n'est pas loin de tourner à vide. Mais la plume de Repila, plutôt que d'en rajouter dans le tragique, reste (relativement) légère. C'est toujours cela car sinon ce conte, déjà éprouvant, aurait été épouvantable et insupportable.