Deux frères se retrouvent prisonniers au fond d'un puit perdu en plein milieu d'une forêt sauvage. La nuit et le silence s'installe. Des loups rodent. Aucune présence humaine à l'horizon. Le Grand et le Petit vont alors entamer une odyssée intérieure pour se sauver de ce piège.
Dès les premières pages, l'auteur espagnol Ivan Repila, dont c'est le premier roman, plonge immédiatement le lecteur dans ce brillant et cruel huis clos. Dans une écriture à la fois poétique et brutale, métaphorique et naturelle, Le Puits est une superbe et courte (120 pages) fable sur la condition humaine.
Un livre puissant, profond, dont les multiples degrés de lecture nous invitent à nous replonger dans ce texte qui en dit long sur nos doutes, nos espoirs et notre humanité.
" La nuit, le murmure de la forêt s'accompagne d'un bourdonnement désagréable, une tourmente de ventres invisibles qui envahit l'espace comme une masse informe. Les frères enlacés sont allongés à l'endroit le plus sec de leur nouveau territoire, contre de grosses racines qui les accueillent sans résistance. Aucun ne dort, comment en seraient-ils capables ?" (p. 17)
" Ce silence qui un jour régnera sur la terre, lorsque les hommes décideront d'en finir et qu'aura sonné l'heure de la fin des temps" (p.56)
" Dans l'espoir que le vent charrie consonnes et voyelles à travers la nuit, et emporte ses mots au-delà des cris, il murmure : Je te tuerai" (p.67)
" Les minutes qui passent leur sont indifférentes, comme si le puits était une cour de statues oubliées au fin fond de la terre mère" (p. 73)
" Je veux rester là. Ne rien faire. Ça me suffit si l'univers tourne autour de moi. C'est notre sort à nous, les morts" (p. 81)
" La vie est merveilleuse mais vivre est insupportable" (p. 91)
" Que nous sortions demain de ce mauvais rêve, gagnés par le courage de la mer agitée, enfin capables d'abattre ces murs qui nous ont fait taire - réinvestir les lieux, reprendre la parole" (fin du roman)