121 pages : publier un roman court c'est une entreprise risquée. Peu de pages pour s'attacher aux personnages, peu de temps pour s'imprégner de l'histoire et de la plume de l'auteur.
Lire Ivan Repila, c'est certes court mais éblouissant et haletant. 120 pages tournées et autant d'émotions différentes : la peur, l'angoisse, la colère, l'incompréhension, le soulagement.
Deux enfants sont tombés dans un puits au milieu d'une forêt. L'un est grand et fort, l'autre est petit et chétif. À leurs côtés, un sac de victuailles que le Grand refuse de toucher. Qui survivra ? Comment les deux frères sont-ils tombés dans ce puits ?
Le suspens, vous l'aurez compris, est un ingrédient majeur de ce roman en huis clos. L'intrigue est centrée sur les moyens trouvés par les enfants pour assurer leur survie, mais un premier élément vient interroger le lecteur : pourquoi le grand s'autorise-t-il de plus grandes rations alors même qu'il cherche à protéger son cadet ? Ce dernier a si faim qu'il en perd la raison et l'usage normal de la parole. Il invente alors de belles histoires qui donnent au roman sa poésie, celle de l'enfance mais aussi de la folie. Le fond de ce puits horrible devient alors un sombre théâtre de logorrhées folles mais bouleversantes. Tandis que le petit perd doucement pied, le grand résiste. L'un se perd dans les rêves et les histoires, l'autre reste pragmatique. Qui survivra ? Qui aura fait les bons choix ?
En parlant davantage je risquerais de trop en dévoiler. Mon appât sera donc celui-ci : c'est un roman coup de poing, fort, poétique. La narration est parfaitement ficelée et ne dévoile que quelques éléments de compréhension jusqu'à la toute fin. J'ai tourné ces 120 pages sans vouloir quitter les deux enfants mais en ne résistant pas à l'envie de savoir et de comprendre. Il est possible que je le relise plus tard pour mieux voir les indices disséminés par l'auteur.