Un livre très perturbant à plein d'égards. Malaisant d'abord, par son histoire sordide (deux enfants jetés dans un puits), morbide par son vocabulaire et l’omniprésence de la mort tout au long du récit, et dégoûtant par son univers rempli d'insectes, de putréfaction et de boue.
Étonnement j'ai été assez peu touché par les deux personnages pendant la lecture. Seulement désignés par Le Grand et le Petit, et sans autres éléments sur leur histoire ou personnalité, je ne me suis pas vraiment attaché à eux, et leur sort m'importait peu finalement. En revanche, j'étais réellement pressé de comprendre où l'auteur voulait m'emmener, comprendre le dénouement, courir vers cette révélation certaine en fin de livre. Et puis non rien, aucune réponse.
J'ai refermé le livre, frustré de ne pas avoir eu de twist, de ne pas avoir eu ce dernier paragraphe qui m'aurait fait comprendre les 120 pages que je venais de lire. J'ai eu d'abord l'impression d'être passé à côté du bouquin, d'avoir loupé des éléments en fragmentant sur plusieurs jours la lecture de ce pourtant tout petit ouvrage. Et puis, les réflexions ont commencé à trotter dans ma tête. Et si ce fameux code de chiffres donné par le Petit avait un sens ? Et si finalement cette histoire était une allégorie de la naissance ? Et si c'était plutôt une métaphore sociale ? Et finalement, la frustration s'est transformé lentement en agréable sensation. Cette sensation qui nous fait sentir que même si le récit ne donnait aucune réponse claire, il proposait toutefois assez d'éléments et de pistes pour s'imaginer tout un tas de sens possibles.
Au cours de la lecture, j'ai beaucoup pensé à deux jeux vidéos. Brothers, A tale of two sons, pour la relation très forte entre les deux frères, et Inside pour son côté métaphorique, troublant et énigmatique. Inside et le Puits m'ont d'ailleurs laissé cet exact même goût amer puis plaisant, une fois terminés.
Si le puits n'a finalement pas été un livre très plaisant à lire sur le moment, il fait partie de ces lectures peut-être un peu trop rares qui trainent dans la tête encore quelques jours après avoir refermé le livre.