Ogre de Barbarie
Abel Tiffauges, une enfance dans un pensionnat triste, éclairé seulement par la présence de Nestor, le fils du concierge. Ce dernier, d'une physionomie hors du commun, obèse et très grand pour son...
Par
le 26 juil. 2011
16 j'aime
5
Malaise à la lecture de ce roman. Malaise d'autant plus grand que Vendredi ou les limbes du Pacifique est mon roman préféré. Je retrouve là sa plume, souple et précise, mais...
Mais ce que j'avais pressenti en étudiant la biographie curieuse Michel Tournier et ce fils adoptif se révèle malheureusement au grand jour dans ce roman, traversé par un parfum de perversité, qui ne se contente pas de friser avec l'interdit : sa quête constitue la ligne directrice de l'œuvre.
Quelques extraits.
"Mais on peut en avoir une connaissance immédiate - et combien plus touchante ! - en passant rapidement les lèvres sur la peau [d'un enfant]." p. 428
"A l'opposé des fesses des adultes, paquets de viande morte, réserves adipeuses, tristes comme les bosses du chameau, les fesses des enfants vivantes, frémissantes, toujours en éveil, parfois hâves et creusées, l'instant d'après souriantes et naïvement optimistes, expressives comme des visages." p. 445
"j'ai dû faire un séjour après que Pelsenaire [un enfant] m'eut fait laver de ma propre bouche son genou blessé". p. 466
Tournier a beau jeu d'invoquer des légendes populaires (l'Ogre) ou des analogies empruntées à la haute culture (le poème de Goethe). Ces masques littéraires ne sauraient détourner du fait que c'est tout l'univers mental d'un pédophile qui est dévoilé, sa psyché malade, ses obsessions et lubies charnelles, la pulsion, méthodes de prédation.
Comment parler subtilement et magistralement d'un sujet qui ne l'est pas. A ceux qui m'accuseraient "ne pas avoir compris le livre", je répondrais que vous êtes bien naïf.
Non, car on a beau être abreuvé de concepts ("la phorie"), basculer dans le scientifique (l'étude clinique de l'anatomie infantile), la destination indiquée sur le billet est claire : voyage au cœur des fantasmes d'un pédophile en plein transfert.
Créée
le 14 août 2021
Critique lue 2.1K fois
2 j'aime
7 commentaires
D'autres avis sur Le Roi des Aulnes
Abel Tiffauges, une enfance dans un pensionnat triste, éclairé seulement par la présence de Nestor, le fils du concierge. Ce dernier, d'une physionomie hors du commun, obèse et très grand pour son...
Par
le 26 juil. 2011
16 j'aime
5
D'après le poème de Goethe "Wer reitet so spät durch Nacht und Wind Es ist der Vater mit seinem Kind ..." Un roman pas simple, beaucoup de métaphores et de symboles, Tournier un germaniste à la...
Par
le 18 nov. 2010
5 j'aime
Dire tout d’abord que « Le roi des Aulnes » n’est surtout pas un conte "pour enfants" mais un conte "avec des enfants". Et de cette différence essentielle naît la substance même du roman de Michel...
le 5 févr. 2016
4 j'aime
Du même critique
Loin de moi de considérer les précédents opus comme des chefs d'œuvre, j'avais néanmoins pu passer d'agréables moments, parfois. Et puis il y la nostalgie de l'enfance...Mais là c'était de trop...
Par
le 9 juin 2023
8 j'aime
Par son style et sa construction classiques, on pourrait aisément s'arrêter sur la surface du récit pour n'y voir qu'une histoire rondement narrée, parfois amusante, mais somme toute ordinaire. Ce...
Par
le 27 févr. 2018
6 j'aime
"L'homme nu" ou comment gâcher un sujet passionnant. Déjà, il est parcouru par des répétitions lourdingues qui procèdent d'un bourrage de crâne - qu'il entend pourtant dénoncer. Page 12 on lit que...
Par
le 25 févr. 2018
5 j'aime