Depuis le succès, mérité, de Rosa candida, les livres d'Audur Ava Olafsdottir nous arrivent dans le désordre, tous les deux ans, laissant dans l'ensemble une impression mitigée tant sa première traduction française avait mis la barre très haut. La romancière a débuté en Islande avec Le rouge vif de la rhubarbe, aujourd'hui publié en nos contrées. Une histoire simple, celle d'Agustina, adolescente qui ne peut marcher qu'à l'aide de béquilles, handicapée par ses jambes de flanelle. Ce qui ne l'empêche pas de se lancer des défis insensés comme celui d'escalader la montagne qui surplombe son petit village. L'art d'Olafsdottir est de savoir, en douceur, tracer le portrait de personnages qui font tout pour que leurs rêves, aussi fous puissent-ils paraître, deviennent réalité. L'auteure excelle aussi pour décrire avec bienveillance les us et coutumes d'une petite communauté sur cette terre d'Islande si rude et aux conditions climatiques souvent extrêmes. Si le charme opère, il n'est pas suffisant cependant pour rendre le roman inoubliable. Il a la forme d'une esquisse, restant à la surface des choses et se contentant de caresser la psychologie des personnes qui entourent son héroïne, la figure tutélaire de Nina, en particulier, que l'on aimerait connaître davantage. En laissant ouverte la fin du roman, Olafsdottir laisse encore davantage le lecteur dans le flou. Ce n'est pas forcément désagréable, juste un peu frustrant.