Lecture pour la deuxième fois inspirée par Sens Critique d’un auteur qui m’était totalement inconnu, Jean-Baptiste Del Amo, je dois dire que je ne regrette pas mon choix !
Ce qui étonne d’emblée, c’est la densité de l’écriture, sa richesse se pliant à tous les méandres des souvenirs, son souffle puissant aussi. Le roman en retire un caractère charnel extrêmement dense où les odeurs, en particulier, celle de la mer et du port, celles des corps, portent un récit qui semble nous aspirer. Il est en effet « construit » - même si ce terme s’applique mal ici – comme une spirale qui nous entraîne vers une fin épurée où les êtres semblent s’évaporer dans quelques lignes exprimant enfin, dans des mots simples et rares, leur unicité.
Roman polyphonique, toutes les voix convergent vers une vérité exprimée ainsi par Del Amo : « Leur famille est ce fleuve aux courbes insaisissables dont il n’est possible de cerner la vérité qu’en l’endroit où la mémoire de tous afflue pour se jeter unifiée, dans la mer. »
Mais autant prévenir tout futur lecteur, le sujet est a priori dérisoire. Tout le roman raconte la préparation d’un repas familial … Rien de plus ! Mais justement, de cette vie réduite et banale surgit la richesse des êtres, même les plus humbles, même les plus imparfaits, surgit leur histoire construite au sein de cette famille et qu’ils essaient de comprendre puis de dépasser.
Il y a du « Festen », dans ce livre, un peu de Proust, pas mal de Woolf, mais l’originalité est bien là. Un auteur à suivre, donc. Sa personnalité et sa maîtrise vont je pense m’étonner. Je réserve pour l’instant la lecture de son dernier grand livre selon les critiques : « Règne animal » car ma sensibilité actuelle risque de souffrir un peu au regard du sujet, mais ceux qui l’ont lu peuvent me donner leur avis, je leur en serais reconnaissante !