Maîtrise-t-on complètement notre langue ? C'est une question que l'on se posait entre amis alors que je terminais Le sentiment du fer. Et la réponse m'est venue immédiatement : quand on lit Jaworski, on se rend compte que non. J'ai encore été soufflée par l'immense richesse du français qu'il déploie dans ces cinq nouvelles, autant que je l'avais été en le découvrant avec Janua Vera. Alors, oui,
parfois c'est trop : dans le premier récit, quand les deux truands discutent dans leur jargon façon cour des miracles, j'ai trouvé dommage de perdre le lecteur en métaphores et synonymes. Même si c'est voulu. J'ai regretté que Jaworski, d'habitude si subtil pour distiller l'information, n'ait pas voulu le faire ici : il aurait suffi d'un seul mot plus transparent...
Mais bref, à ce détail près, j'ai été happée par les cinq nouvelles, par les différents styles qu'il développe, toujours maîtrisés, par cette richesse de la langue, par les chutes inattendues, etc. Plusieurs fois, cela m'a semblé être de l'ordre de l'exercice de style et j'avais l'impression de sentir le professeur de français illustrer ses cours. Mais qu'importe... puisque je crois que j'aurais aimé apprendre le français avec des récits aussi passionnants !