Me voilà arrivé au bout de mon petit marathon Shakespeare. 5 Pièces d'affilées, pour moi, pauvre néophyte. En moins de 10 jours, j'ai eu le droit à 5 pièces shakespeariennes. J'ignorais quasiment tout de lui et j'ai eu l'audace de relever le défi (imposé par moi-même) d'attaquer le monstre du théâtre, de front, en ignorant le plus total.
Mes critiques servaient donc à donner l'avis, naïf, d'un homme qui découvrait Shakespeare, sans autre prétention que le regarde neuf, voir vide, de la découverte et de la surprise. La surprise d'adoré le personnage de Richard III, la surprise de découvrir l'excellence avec Hamlet …
J'ai donc eu un chemin assez banal : tragédie (Macbeth) – drame historique (Richard III) – tragédie (Hamlet) – comédie (La Nuit des Rois). Je voulais finir avec un minimum d'équilibre et lire la pièce que je ne connaissais que par le Cercle des Poètes Disparus : Le Songe d'une Nuit d’Été !


Je dois avouer avoir attaqué la pièce avec méfiance. Déjà parce que je n'avais pas accroché le moins du monde à la Nuit des Rois, je craignais donc que Shakespeare ne me plaise jamais quand il s'amuse à faire le comique. Deuxièmement, au bout d'une page, Egée n'est plus le père de Thésée. Autant la version « moderne » (avec le fait d'être duc, etc), je tolère sans soucis. Autant, ce point de détail m'a mis de mauvaise humeur, je l'avoue.
La présence d'une intrigue amoureuse aurait pu m'amener à me méfier. La Nuit des Rois m'ayant ennuyé sur ce point que je trouvais mal amené et mal scénarisé. Ici, c'est loin d'être le cas. Les différents liens amoureux m'ont tout de suite conquis. Hermia, fille d'Egée (rhaa), est amoureuse de Lysandre, qui l'aime aussi. Mais son père lui préfère Démétrius, qui est épris de la jeune fille. Dans le même temps, Héléna, l'amie d'enfance de Hermia, est sous le charme de Démétrius.
C'est simple mais ça marche. Simple parce que ça se complique ensuite.
En effet, s'ajoute à ça qu'Obéron, le roi des fées est en froid avec Titania, sa compagne. Pour obtenir ce qu'il veut d'elle, il décide de lui jouer une farce, avec l'aide de Puck, un lutin farceur, particulièrement espiègle. Mais Obéron étant un roi avec un grand cœur, il décide d'en profiter pour essayer d'arranger les affaires des mortels. Mais Puck est plus doué pour les farces que pour les solutions.


L'histoire d'amour se complexifie et est très prenante. Malheureusement, le rire est assez peu présent là-dedans je trouve. Les tirades amoureuses de Lysandre et Démétrius sonnent juste, comme les réponses de Hermia. Héléna, personnalité différente de la précédente, m'est apparu comme moins touchante, alors qu'elle a plus de relief. C'est un vrai plaisir de voir que Shakespeare sait donner la vie à ses personnages.
Obéron est de même, majestueux, comme Thésée pour les humains. Les deux seigneurs sont bons, bien que décidaient à avoir ceux qu'ils veulent. Puck est d'une rare espièglerie et la volonté sans faille de Titania est touchante.


La complexification amoureuse est grandiose, c'est une pure réussite qui marche grandement. Malheureusement, la chute est moins bien réussie. Hermia, outragée, perdue, trahie, qui avait tant d'émotions à offrir, qui était si vivante, perd tout dans la dernière partie de la pièce.
D'ailleurs le découpage est très moyens à mon sens, mais il n'a pas été fait par le maître, je n'en tiens donc pas trop rigueur (forcément, lors de la lecture, je l'ignorais et de manière plus ou moins consciente, ça a du me marquer).
J'ai quand même été très déçue de la résolution, qui bien que facile, laisse trainer se nouveau statu quo et rend les personnages très creux à la fin, ne laissant briller que Thésée, pourtant, plutôt absent tout le long.


Il faut dire qu'il y a un goût délicat, un goût de Nuit d'été, où rien n'est connu des « grandes personnes ». Ce sont les jeunes gens qui sont dans la nuité, dans la forêt, dans l'insouciance de leur âge. Il y a cette chaleur, cette fraicheur qui l'accompagne et cette sincérité des nuits d'été.


Ce qui m'a fait vraiment aimer cette pièce c'est la pièce dans la pièce. Lecoin organise, pour le mariage de Thésée et Hippolyte, une pièce de théâtre saugrenue. Les acteurs sont des amateurs, le seul capable de réciter son texte est Bottom, mais celui-ci est accompagné d'une sorte de naïveté, d'incapacité à faire vivre le spectacle, que tout est tué.
Si au début, le lecteur pense avoir là l'aspect comique, l'aspect farce, de la pièce, ça va beaucoup plus loin. Déjà, parce qu'on rigole grâce à ça (j'imagine que le voir doit tordre de rire le spectateur). Mais surtout, la pièce dans la pièce (le 5ème acte) représente une réflexion incroyable sur le théâtre en lui-même.
J'ai eu l'impression de lire du théâtre de l'absurde, 3 siècles en avance ! C'est incroyable ! Sans aucune limite, Shakespeare donne à réfléchir à son propre art, à son propre format. Le savait-il seulement ? Surement, mais à quel point ? On peut se le demander.


Shakespeare et c'est la marque des grands, montre qu'il a compris ce qu'est le théâtre d'une manière magique.
Et c'est avec cette magie que s'achève ma découverte de Shakespeare. Une découverte où j'ai vu à quel point l'artiste maîtrisé la folie humaine, la laideur de l'âme. Les tirades étaient d'une telle beauté, les personnages d'une telle vivacité, ils étaient tous tellement vrais. Les tragédies m'ont certes plus charmés que les comédies et c'est elles qui me donnent envie d'en lire encore d'avantage.
Je serais si heureux de pouvoir continuer, mais d'autres lectures, plus scolaires, m'attendent, obligatoire aussi … J'ose, peut être, me faire une promesse, à moi-même … Ce n'est qu'un premier voyage. Shakespeare est un pays qui m'a ensorcelé et j'attends de pouvoir y remettre les pieds !

mavhoc
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le 3 avr. 2015

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mavhoc

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