Les Fleurs du Mal nous avaient montré la beauté du Mal ; les Petits Poèmes en prose montrent la beauté et la fécondité du bizarre. Sans le carcan et la régularité de la rime, Baudelaire parvient toujours à surprendre, dans des textes variés, allant de l’apologue à la déclaration lyrique en passant par le conte cruel, mais où l’on reconnaît toujours sa voix et son style.
C’est aussi une vision bien sombre de l’âme humaine. On ne s’étonne pas de la haine de Baudelaire pour son époque, mais le sujet lyrique nous montre ici, plus encore peut-être que dans le recueil en vers, les « Fleurs du Mal », à travers ses sautes d’humeur, ses rages soudaines, son amour mêlé de sadisme. On reste longtemps ébloui par ce soleil noir.