Ce court roman a deux thèmes majeurs qui tiennent par la métaphore du tour d’écrou :
1 - L’éducation comme moyen de sauver l’âme ou l’innocence des enfants.
2 - La folie et la perception de la réalité.
L’histoire est celle d’une gouvernante qui a en charge deux orphelins Flora et Miles délaissés par leur oncle. Le premier thème est celui de l’éducation. Les enfants sont perçus par la gouvernante comme deux incarnations de l’innocence qu’il faut préserver face à la tentation du mal et de la folie. La petite Flora semble hantée (ou pas) par le fantôme de son ancienne gouvernante et pour une raison inconnue, Miles a été renvoyé de son école, car il serait d’une façon ou d’une autre tenté par le mal. Donc la métaphore du tour d’écrou prend du sens. Evoqué au début du roman, un tour d’écrou sert à serrer l’écrou afin de l’enfoncer pour qu’il soit stable. Mais, cela est difficile, car si on serre trop, alors l’écrou se brise et si on ne serre pas assez, alors il n’est pas stable et tombe. Donc la gouvernante doit trouver un équilibre entre douceur et discipline pour sauver les âmes des deux enfants.
Toutefois, toute l’ambiguïté de l’histoire repose aussi sur la folie présumée ou avérée des personnages. Voient-ils ou pas des fantômes ? La question de la santé mentale n’est pas à exclure de l’ouvrage, car tout l’intérêt du roman est le vrai ou faux jeu de pistes auquel James joue avec nous. Le but de l’auteur est clairement de nous mettre dans le même sentiment d’anxiété que les personnages qui ne parviennent plus à distinguer une hallucination de la réalité. Roman fantastique ou psychologique ? L’idée est savamment exécutée. Donc l’image du tour d’écrou peut aussi être perçue comme une métaphore sur la santé mentale. Si on essaye trop de protéger les enfants des « fantômes » qu’ils perçoivent ou percevraient, on risque d’y perdre notre santé mentale, car on est emporté par leurs imaginations. C’est ce que fait la gouvernante. Or si on ne sert pas assez la vis, alors on risque de ne pas les comprendre, de ne pas les protéger. C’est ce que fait l’oncle qui n’apparaît jamais et qui n’est que mentionné dans l’histoire.
Donc un petit roman qui a poussé assez loin l’idée issue de l’expression -serrer la vis au point d’en faire tout une intrigue portée à la fois sur la santé mentale et l’éducation. Une lecture courte et franchement agréable.