Ce sont des messieurs très érudits et très distingués qui se comportent comme des enfants ou comme des fous : un polyglotte qui s’amuse à tenir des conversations dans des langues qu’il ne parle pas, un président de conférences qui met un point d’honneur à s’endormir dès les premiers mots de ses hôtes, un traducteur qui soustrait aux manuscrits qu’on lui confie de quoi satisfaire ses pulsions cleptomanes… voilà le petit monde qui gravite autour de Kornél Esti, écrivain et alter égo de Dezső Kosztolányi, auteur hongrois du début du siècle dernier qui le mit en scène dans plus d’une quarantaine de nouvelles.
Le traducteur cleptomane en contient une dizaine et on en redemande tant ces paradoxes intellectuels sont plaisants, traités sur un mode ludique qui dissimule pourtant une vision assez cynique et pessimiste du monde des lettres, et du monde tout court.