De la bonne fantasy des familles avec un univers adulte, violent et réaliste peuplé de personnages véritablement attachants malgré quelques côtés monomaniaques. Notamment des personnages féminins forts, ce qui est rare dans le genre il parait. On suit donc dans le premier tome la décrépitude annoncée de la famille Stark avec, en tête de gondole, son abruti (mais brave) patriarche. Bien entendu, on ajoute aussi le personnage-le-plus-cool-de-la-saga, Tyrion Lannister, pour enlever toute trace de manichéisme. Il parait qu'on a aussi l'histoire des héritiers légitimes du trône mais tout ce que j'ai lu c'était 150 pages sur une randonnée à cheval.
Pas de méchant juste méchant, pas de héros juste héroïque mais tout un éventail de motivations, de principes et de règles que l'on envoie gentiment balader au détour d'une mésaventure saisissante. La trame principale est vraiment bien, le découpage est exceptionnel et le principe narratif rafraichissant malgré quelques lourdeurs (la répétition des points de vue).
Martin ne se débarrasse malheureusement pas des défauts du genre. Quasiment toutes les premières parties de chapitre sentent le remplissage à plein nez quand leurs fins sont là pour donner un grand coup avec classe. Les longues descriptions de lieux enchanteurs prennent toujours le quart du chapitre. La longue liste de bannerets n'est là que pour le fan qui se vantera de pouvoir associer la maison correspondant à l'étendard de la loutre mordorée ou du serpent à plumes. Les anecdotes du passé sont répétées jusqu'au vomissement par les différents personnages ("Hé, Ned, rappelle-toi les enfants de Rhaegar..." "Ta gueule !"). Et bien évidemment, il est absolument impossible de commencer un chapitre sans décrire avec exactitude l'accoutrement des personnages et ce qu'ils enfournent dans leur gosier.
La seule chose à faire pour améliorer la chose serait de virer tous ces défauts qui rendent la lecture monotone et d'en faire un honnête petit bouquin de 300 pages ou une saison de dix épisodes. Et là, on dit chapeau HBO, même s'il faudrait y aller mollo sur les scènes de cul gratuites.
Disclaimer : Vous noterez que j'ai fait le salaud et réutilisé une critique pour trois "oeuvres" différentes. C'est pas de ma faute, c'est celle de l'édition française. Si vous voulez une petite différence pour le fun : ce tome-ci est quand même foutrement long à se mettre en place. La critique de la construction des chapitres vaut d'ailleurs beaucoup pour cette première partie d'intégrale qui est une bonne introduction à l'univers mais rien de plus.