Le Trône de fer de George R. R. Martin, c'est un monument acclamé de la fantasy. Plus adulte qu'un Assassin Royal, plus réaliste qu'un Seigneur des Anneaux, ce cycle encore inachevé se pose comme un pilier de la littérature Fantasy.
Teinté d'une ambiance bien plus médiévale que fantastique, l'univers de George .R.R. Martin est remarquablement travaillé, que ce soit dans la présentation des factions, les enjeux géopolitiques, l'Histoire des royaumes et cités, l'évolution des traditions, des religions et des lois, l'équilibre instable des institutions régissant Westeros.
Pléthorique de personnages, chaque chapitre se concentre sur le point de vue d'un seul protagoniste. Les enjeux sont donc mesurés à l'aune du camp du héros choisi.
Si le récit semble prendre le parti des Stark, les motivations de leurs ennemis, notamment les Harkonnens, pardon, les Lannisters, nous serons donc également exposées, au point qu'on finira par les comprendre, voire leur souhaiter la réussite.
L'écriture, sans être exceptionnelle, sert parfaitement le récit, avec un vocable un tantinet désuet, et une primauté aux dialogues. Car dans ce cycle, on discute beaucoup pour agir finalement très peu. Tout n'est que sombre politique, complots, malversations, réputations à détruire et apparences à préserver. La guerre n'est qu'un bruit de fond, on est quasiment jamais au cœur de la mêlée, ce qui ne nous dispense pas pour autant de nombreuses morts, jamais paisibles...
4000 pages plus tard, cependant, je commence à ressentir comme un léger agacement. On peut s'attendre à encore 2 tomes minimum (Donc 5 à 6 tomes en France), et ça pourrait aller encore au delà. Les galeries de personnages, certes évoluent, les décors également avec un centre de gravité mouvant, mais l'histoire en tant que tel fait un effroyable surplace. Plutôt que d'avancer, elle se déplace.
Multipliant les intrigues, l'auteur se permet d'apporter des débuts de réponses à un complot 2000 pages après l'avoir évoqué, alors que que 15 complots du même acabit se sont mis en place depuis. Résultat, beaucoup de réponses tombent comme un cheveu sur la soupe, tant on est plongé dans des enjeux totalement autres.
C'est la première fois de ma vie de lecteur que j'ai regretté de ne pas avoir pris de notes au fil de ma lecture, tant l'écheveau du scénario finit en sac de nœud (mais on a toujours pas de fin, donc le nœud n'est peut être qu'apparent...).
Rendons nous compte qu'au bout de 4000 pages, la menace originelle par delà le mur, évoquée en prologue du premier tome, n'a toujours pas montré le bout de son nez !
J'ai comme l'impression que George R.R. Martin, ayant depuis longtemps compris que ce cycle est sa poule aux œufs d'or, retarde le dénouement, retarde ne serait-ce qu'une avancée du scénario pour multiplier les histoires dans l'histoire, qui sont certes intéressantes, mais ressemblent de plus en plus à un rallongement perpétuel de la sauce.
Et au bout d'un moment, on frôle l'overdose... Comme si cet excès de suspens et d'enjeux éparpillé sur toute la carte de Westeros s'écroulait de lui même.
J'attends donc beaucoup des suites, en espérant qu'on finira par en savoir un peu plus sur les Autres, sur la "menace" vantée en quatrième de couverture depuis un bon bout de temps...
Excellent livre donc, mais soyez patients.