Après la série, l'oeuvre écrite. Le premier intégral couvrait la première saison, voici l'intégral second de plus de 900 pages parcourant de bout en bout l'adaptation de la saison deux. Peu de changements dans l'intrigue, les fondamentaux sont là. Mais alors, me direz-vous, quels plaisirs à lire un tel pavé lorsqu'on connaît déjà les tenants et aboutissants à ce niveau de l'histoire ?
Et bien c'est de retrouver les personnages tout d'abord, de vivre l'aventure de l'intérieur et de pénétrer profondément dans l'univers de Georges R.R Martin d'une grande richesse dont le cinéma ne fait qu'effleurer.
Ce qui ne gâche rien, l'auteur est un vrai écrivain au style unique. Âpre, direct, efficace et bougrement malin. Extrait :
On était encore à une bonne heure du point où la route de la Rose franchissait la Mander quand se distinguèrent les fumées du camps. Puis, par-dessus les vallonnements de la plaine ponctuées de cultures et de fermes, se devina peu à peu sa rumeur, confuse comme le ressac de quelque mer lointaine, et s'enflant progressivement. Ce n'était pourtant qu'en vue des flots boueux de la rivière éclaboussée de soleil que se différencièrent hennissements, voix mâles et cliquetis d'acier. Mais ni le tapage ni la fumée ne préparaient les voyageurs au spectacle qu'ils finirent par découvrir.
Des milliers de feux voilaient de gaze l'atmosphère. Sur des lieues et des lieues s'étiraient les rangées de chevaux. Il avait sûrement fallu abattre des forêts entières pour dresser les mâts de tant de bannières. D'énormes engins de siège, mangonneaux, pierrières, béliers montés sur des roues plus hautes qu'un cavalier, encombraient les bas-côtés herbeux de la route. Le soleil ensanglantait comme par avance le fer des piques, et les pavillons des chevaliers ainsi que des grands seigneurs émaillaient les prés comme autant de champignons soyeux. Catelyn discerna des hommes armés de lances, des hommes armés d'épées, des hommes coiffés d'acier et sanglés de maille, des gueuses à soudard pavanant leurs charmes, des archers empenant leurs flèches, des voituriers pressant l’attelage de leurs fourgons, des porchers pressant leurs troupeaux de porcs, des pages courant transmettre des messages, des écuyers fourbissant des lames, des chevaliers montés sur des palefrois, des palefreniers menant des destriers rétifs.
Lorsque l'on re-visionne la série, le sentiment de carton pâte est plus fort après s'être imprégné du texte du créateur de Westeros.
Une grande oeuvre qui marquera cette décennie et qui n'a pas fini de surprendre.