Mince alors, il pulvérise sa prof de maths, ce saligaud. Percy Jackson, c'est ce genre de gosse qui ne tient pas en place, qui a deux mains gauches et qui en fin de compte a un destin pas comme les autres. De quoi faire des jaloux. Percy n'est pas le septième fils d'un septième fils, ni le neveu de Bilbo, mais un demi-dieu, un sang-mélé, eh ouais, rien qu'ça les gars. SPOILERS.
Bon, faut dire que Rick Riordan a eu une idée géniale. Transposer dans notre époque un univers mythologique plutôt chiant et rébarbatif pour les gosses d'aujourd'hui, plutôt soucieux de la sortie du nouvel Iphone (merde, smartphone*) que de savoir si Héraclès accomplira ses 12 travaux…
Percy vit dans le monde des mortels, où il passe de pensionnats en pensionnats en posant des problèmes à tout le monde. Il se passe des choses… bizarres autour de lui. Ca ne vous rappelle rien ? Harry, sort de ce corps. Rassurez-vous, je préfère y voir un clin d'œil fin respirant l'honnêteté plutôt que de l'inspiration malsaine inassumée.
Les trois premiers chapitres, on se dit "on va où les gars?". Les scènes sont trop rapides, la narration fais des ellipses en veux tu en voilà. Et puis plus on avance, meilleure est le récit. Oh oui, on se dirige vraiment vers quelque chose de bien. La transposition de Riordan ne consiste pas à actualiser les Dieux Mythologiques, en transformant leurs figures, mais à faire des Dieux des entités qui n'auraient jamais disparues, qui auraient été simplement oubliées par les mortels. D'ailleurs, les Dieux le prennent plutôt mal, " Cela te plairait-il qu'on te traite de mythe ? " rah, susceptibles ces Dieux.
Riordan nous explique que les dieux ont suivis la civilisation au fil des siècles, géographiquement parlant. Du coup, la colonie des sang-mêlé se matérialise par un ensemble de bâtiments caractéristiques de la Grèce Antique en plein milieu de… Long Island. Bah oui. Et comme ça ne suffisait pas, l'Enfer se trouve dans les souterrains de Los Angeles et le Mont Olympe au 600ème étage de l'Empire State Building. Cette américanisation des mythes pourrait être vue comme une hyper-sensibilité au monde actuel, un souci de réalisme en se rappelant que les USA sont la première puissance mondiale à ce jour. Du coup, les dieux, maîtres du monde, qui étaient avant dans le pôle de pouvoir qu'était la Grèce Antique, se déplaceraient selon l'évolution des différents niveaux de pouvoir autour du monde – et surement les contrôlent. Mais je n'arrive pas à savoir si justement c'est une réflexion sur le monde actuel hyper pertinente, ou une tentative d'américanisation et d'appropriation des mythes Grecs… Parce que les dieux sont totalement en pouvoir, même aux Etats Unis, s'ils veulent taper une petite colère, s'en foutent que ça engendre un terrible tremblement de terre en plein Los Angeles. D'ailleurs, le "Dieu", le dieu monothéiste des Chrétiens, Juifs ou Musulmans, est du domaine de la métaphysique pour Chiron, un centaure hyper cool.
Comme l'action se passe plus ou moins à notre époque, Riordan cherche à actualiser les mythes. Du coup, la méchante professeure de Percy est en fait une Furie, le pote tout timide est un Satyre et le prof en fauteuil roulant un centaure. Jusque là, j'aime. Mais quand l'actualisation va jusqu'à utiliser un jet de station de lavage pour voiture pour communiquer grâce à l'arc-en-ciel créé par l'eau & la lumière, c'est franchement ridicule. On n'avait pas besoin de ça, pourquoi ne pas communiquer à l'aide d'un miroir ou d'un songe par exemple ? Classique certes, mais pas ridicule, au moins. En parlant de songe, lorsque Percy rêve de Cronos, ça vous rappelle rien ? Même pas une certaine personne qui rêve de vous-savez-qui ? J'dis ça, j'dis rien.
L'auteur nous explique qu'après la Seconde Guerre Mondiale, déclenchée par les dieux bien-sûr, Zeus, Poséidon et Hadès avaient fait une espèce de pacte disant qu'aucun d'entre eux n'engendrait plus de héros, seulement Poséidon trahit ses frères et engendre Percy. Percy, Percy… Persée ? Tout le long du roman les hauts représentants divins l'appellent Persée (sauf Dionysos, qui entre deux cuites l'appelle Peter), mais elle vient d'où cette analogie ? Inventer un nouveau héros, avec de nouvelles quêtes, c'est brillant. Mais il n'y avait aucun intérêt à lui faire porter le nom de Persée, fils de Danaé et d'Argos, qui n'a absolument rien à voir pour le coup, surtout quand notre Percy tue la méchante Méduse, et se dit qu'il a fait comme le héro du même nom que lui… La parallèle n'était pas nécessaire. Tout de même, c'est une idée vachement bonne de créer de nouveaux héros, ça ouvre plein de possibilités.
Sans transition, il faudrait quand même parler des cadeaux de Percy… On lui dit explicitement, mot pour mot "Percy n'accepte pas de cadeaux". Et bah il accepte des perles d'une espèces d'apparition féminine inconnue, un sac à dos de la part d'Arès (ARES les gars, le Dieu de la Guerre sur sa moto svp), qui est bien entendu piégé. De plus, quand on est poursuivit par des milliers de monstres parce qu'on est sensé avoir volé le casque d'Hadès et l'éclair de Zeus, est-ce qu'on entre chez les vieilles tantes voilées bien trop gentilles ? Est-ce qu'on va se rafraîchir dans un casino luxueux gratuit ? Est-ce qu'on va s'allonger sur des matelas à eaux dans une vieille ruelle chez Procruste l'étireur ? C'est un grand non! J'ai passé tout le long du livre à dire à Percy " n'accepte pas " ou " n'y va pas ", plutôt fatiguant ce Percy, mais tout de même hyper sympa à lire et hyper addictif.