"Il y a des conversions mystiques, pourquoi n’y aurait-il pas des conversions amoureuses ?"
Gaspard Sauvage, dit le Zèbre, n’en fait qu’à sa tête. Notaire à Laval mais excentrique, courageux romantique mais plus pantouflard que voyageur, Gaspard a décidé de reconquérir l’amour de Camille, sa femme, usé par quinze ans de mariage et deux enfants.
Ébranlé par l’accident qui a failli coûter la vie de Camille, le Zèbre se rue sur chaque instant partagé avec elle comme si c’était le dernier. Il met en scène des stratagèmes pour enrayer la routine et rejoue son amour plus qu’il ne l’éprouve. À défaut d’être un grand écrivain, Gaspard veut faire de son amour une œuvre magistrale.
Mais Gaspard, si fougueux et malin soit-il, ne peut forcer l’éclosion de l’amour depuis longtemps devenus tendresse. Et d’autant plus que Camille reçoit les lettres de celui qu’elle appelle déjà l’Inconnu – l’Inconnu qui sait rappeler combien les détails du quotidien, sa tenue, ses cheveux, en apparence anodins, nourrissent l’amour malgré les années qui passent. Tandis que Gaspard cherche dans leur rencontre et l’extravagance les origines de leur relation, l’Inconnu parvient à l’émouvoir de sa plume observatrice et sensible chaque jour.
Alexandre Jardin, lorsqu’il écrit ce texte en 1988, semble se retrouver dans chacun de ses personnages : le Zèbre, l’idéaliste qui veut dépasser les grands de la littérature pour rendre son amour éternel ; Camille qui recueille les ambitions romanesques de son mari par l’écriture ; Alphonse, l’ami dévoué de Gaspard.
Le Zèbre, c’est une fable sympathique, à l’appétit littéraire noble mais pas tout à fait comblé. Malgré tout, Jardin a le goût des mots ; il revisite les expressions d’une nouvelle manière qui donne à l’écriture une tournure élégante, théâtrale, poétique et légère. Et paradoxalement, c’est cette légèreté, cette façon de donner d’autres mots au drame qui guette la famille Sauvage, qui véhicule de l’émotion dans l’instant de lecture, mais qui n’ancre pas le roman dans la postérité. Une très belle lecture pourtant.
Lisez la critique sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/le-zebre-alexandre-jardin-a80136622
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