RFSC (roman français à succés contemporain)
Pour faire un RFSC il faut :
- de beaux sentiments : de l'amour avant tout, idéalement impossible (le décès imminent ou acté de l'un ou l'autre des protagonistes est bienvenu), mais il est probable qu'une amitié puissante (ou impossible !) puisse également faire l'affaire.
- un texte rythmé et fluide : phrases longues mais chantantes, comparaisons sucrées ou métaphores prosaïques, tournures humoristiques et familières, chapitres courts, dialogues nombreux, monologues retranscrits, retournements de situation bien placés...
- prendre le lecteur par l'épaule : lui parler comme à un ami de toujours, lui faire croire qu'on le connaît comme personne, l’interpeller directement, lui adresser des petites plaisanteries privées, prendre de la distance par rapport à l'histoire que l'on écrit pour paraître se rapprocher de celui qui la lit...
- de l'humour, toujours de l'humour : surtout pour parler de ce qui est le plus sérieux. La vie est si triste, autant rire de ce qui devrait faire pleurer, ça donne l'impression que l'on sait relativiser, que l'on comprend tellement mieux le monde que les autres....
- ne pas hésiter enfin à saupoudrer le tout d'une petite touche personnelle, pour paraître sortir du lot. Ce sera, au choix de chacun : ambiance policière pour l'un, note encyclopédique pour l'autre, relent paranormal pour le troisième, côté manuel de développement personnel pour le dernier. Rien de sérieux et profond toutefois. Seulement quelques fioritures pour rehausser l'emballage.
Le Zèbre est un très bel exemple de la mise en oecure appliquée et honnête (car Jardin semble honnête) de cette recette de cuisine. Une recette qui parvient même à devenir perceptible à une l'échelle minuscule de certains paragraphes. Lisez plutôt :
« L'amour conjugal est un poisson plein d'arêtes, pensait Gaspard. Pas comestible, une illusion, un mirage, oui, mais tellement sublime ; un résumé de la beauté du monde pour ainsi dire.
Le manque d'entrain de Camille l'accablait. Ah, le mariage... Vous aviez une maîtresse, elle met des rideaux à vos fenêtres, et la voilà devenue « de maison ». Quelle Berezina ! »